Conseil
municipal
de Marseille du 4 février 2004 : Philippe
Sanmarco
7e
: une société immobilière se promenant
dans un quartier de Marseille voit un terrain municipal,
s’adresse à vous et vous le leur vendez…
DIRECTION
GÉNÉRALE DE L’URBANISME ET DE L’HABITAT
- DIRECTION DE L’ACTION FONCIÈRE ET DU PATRIMOINE
7e arrondissement - ENDOUME - Traverse Targuist/Chemin du
Pont - Cession à la SARL SIRAP.
(04-9314-DAFP)
Monsieur
Sanmarco. - Monsieur le Maire, mes chers collègues,
c’est avec regret quand même que nous voyons
encore venir devant notre assemblée des rapports
de ce type. Je m’explique. Il suffit de le lire rapidement,
on apprend qu’une société immobilière
se promenant dans un quartier de Marseille voit un terrain
municipal, s’adresse à vous et vous le leur
vendez. Ce ne sont pas des méthodes. Nous savons
que la promotion immobilière recueille les faveurs
de cette Municipalité, vous en avez encore démontré
l’intérêt tout à l’heure.
C’est votre droit. Vous savez que nous ne partageons
pas les objectifs globaux dans la mesure où nous
considérons qu’il y a, là, un déséquilibre
manifeste. Mais ce n’est pas l’objet de mon
intervention, aujourd’hui.
Nous sommes choqués, Monsieur le Maire, de la manière
dont les choses se passent. Nous apprenons qu’une
société achète un terrain municipal
tout simplement parce qu’elle en a fait la demande.
Il n’y a pas eu de mise en concurrence, il n’y
a pas eu d’appel d’offres ; peut-être
que d’autres sociétés auraient été
intéressées. Nous apprenons également
dans ce rapport que, le jour de la vente définitive,
la société finalement qui achète pourrait
en être une autre, c’est-à-dire qu’en
fait on ne sait pas à qui on vend, on vend à
un faux nez. Non, ce n’est pas bien !
Nous souhaitons que vous repreniez cette affaire, d’autant
qu’au-delà de la méthode qui est exécrable,
nous considérons que la manière dont les choses
se passent n’est pas normale. Voilà un quartier
où vous êtes particulièrement bien implanté,
où les personnes vous connaissent, où vous
les connaissez, et quelle n’est pas leur surprise
quand elles apprennent, un beau matin, que non seulement
ce terrain qui avait été acquis par la municipalité
va être vendu à un promoteur immobilier dans
les conditions que je dénonce, alors même qu’aucune
information n’a circulé auprès des habitants
du quartier, alors même qu’il y a des besoins
qui s’expriment depuis longtemps, des besoins simples
! Et vous qui vous faites le chantre de la concertation,
voilà un bel exemple où vous faites le contraire.
Il y a des Marseillais qui ne sont pas contents, il y a
des Marseillais qui expriment des besoins dans ce quartier,
sur ce terrain. Il n’est pas normal qu’ils soient
informés de cette manière alors même
que l’information circule, tandis que le plan de la
construction est déjà arrêté
avec un architecte déjà désigné.
Tout ceci n’est pas bien. Nous souhaitions que vous
regardiez à nouveau ce dossier. Une pétition
signée par beaucoup d’habitants du quartier
vous a été adressée. Nous souhaitons,
Monsieur le Maire, que vous revoyez cette affaire. Merci
de votre attention.
Annick
Boët - Ce dossier illustre quand même
mon propos sur les portes grandes ouvertes aux promoteurs.
C’est donc 5 979 m2 pour 192 euros le m2, pour
faire 7 villas à 9 mètres, sur un terrain
de 7 000 m2 dans une rue, un petit chemin où il ne
passe qu’une voiture. C’est un délaissé
de voirie puisque ce terrain avait été acheté
pour une opération dite d’utilité publique…
Et ce n’est pas très clair que cela retourne
au propriétaire, puisque j’ai une lettre ici
des habitants de la rue. Deuxièmement, ce terrain
jouxte le théâtre Sylvain et nous savons très
bien que, si nous mettons des constructions de ce type à
côté du théâtre Sylvain, d’ici
quelques temps nous ne pourrons plus faire de spectacle,
le théâtre posera un problème dans le
quartier. C’est un quartier où il y a besoin
d’équipements, pourquoi rétrocéder
ce terrain ?
C’est la même chose que pour le rapport que
vous avez passé en procédure d’urgence,
le 142, où là aussi c’est une bâtisse
et un terrain qui avaient été réservés
à Sainte Marguerite pour un équipement public
et que vous rétrocédez aujourd’hui,
alors que dans le quartier il manque un certain nombre d’équipements
et notamment des logements sociaux.
Monsieur
le Maire - Je ne suis pas sûr que vous ne
confondiez pas deux affaires dans ce domaine. Je suis prêt,
M. Sanmarco, à regarder avec le Maire de Secteur
s’il y a lieu de diminuer le nombre. Je ne suis pas
opposé à cela mais j’ai une autre raison
pour dire : peut-être faudra-t-il réduire le
nombre.
Monsieur
Roatta.- Monsieur le Maire, je crois que vous avez
raison, nous devons revoir ce dossier. Maintenant, concernant
les pétitions, je dirai à M. Sanmarco que
j’ai ce que les habitants demandent, puisque je suis
allé les rencontrer et j’ai regardé
en détail ce dossier, Monsieur le Maire. Je vous
ai donc écrit, il y a quinze jours, puisque j’ai
eu l’occasion de tous les rencontrer dans la traverse
du Frioul, et je vous demande de revoir le dossier.
Par contre, ce que je n’accepte pas, Monsieur le Maire,
c’est d’avoir entendu encore le Groupe Communiste
sur les équipements. Je voudrais dire à ces
amis que depuis les années 1975 jusqu’à
1995 dans les 7e et 1er arrondissements aucun équipement
n’avait été fait, aucun ! Dans le 1er
arrondissement, zéro m2 ! Depuis que nous sommes
aux affaires, Monsieur le Maire, nous avons fait aussi bien
dans le 7e que dans le 1er arrondissement. Je ne peux pas
accepter ce qui vient d’être dit puisque c’est
le seul arrondissement où nous avons pu faire quelque
chose, et même M. Sanmarco doit s’en rappeler
puisqu’il était le Député de
ce Secteur. Donc, je dois dire que de temps en temps il
faudrait faire attention, la politique peut être une
très belle école d’humilité à
condition de l’accepter.
Monsieur le Maire, je vous demande de regarder ce rapport
en détail, parce que c’est un endroit sensible,
c’est un endroit que nous devons conserver. Je ne
suis pas, Monsieur le Maire, contrairement à d’autres,
contre les constructions mais je pense que l’isolement
de la traverse du Frioul pour les habitants, cela demande
un regard très attentif.
Monsieur
le Maire.- Je suis sensible aux arguments qui ont
été donnés. On me signale que tout
est fait bien entendu dans la légalité, sinon
cela n’arriverait pas jusqu’ici. Peut-être
faudra-t-il revoir ou diminuer le nombre, aussi.
Monsieur Blum.- Monsieur le Maire, d’abord,
au-delà du projet qui vient d’être évoqué
et sur lequel vous demandez que l’on puisse le réexaminer
à nouveau, il y a quand même un point sur lequel
nous devons apporter des précisions et qu’il
faut démystifier. C’est ce que dit M. Sanmarco,
relayé bien entendu par Mme Boët, suivant lequel
les opérations de vente de terrains aux promoteurs
se feraient de façon non transparente. C’est
faux et archifaux ! Il faut savoir qu’il y a une Commission
foncière qui se réunit, qui décide
et les terrains sont vendus au prix des Domaines. C’est-à-dire
que l’on ne fait pas n’importe quoi, ce sont
les Domaines qui fixent les prix. Et vous savez très
bien aussi que si l’on veut limiter le coût
de l’immobilier à Marseille et que cela ne
parte pas en flèche, il faut que la Ville puisse
servir de régulateur. Et le meilleur régulateur,
c’est justement la Ville qui le fait en vendant légalement,
légitimement, une partie de son patrimoine sous contrôle
de l’Administration.
Monsieur
le Maire.- Mme Servant, j’imagine que tout
ceci doit pouvoir se faire en Commission et regardez bien
les choses. Si l’on diminue un peu le programme, cela
ne me gêne pas.
Pour autant, je voudrais aussi rappeler à M. Sanmarco
et à nos collègues de l’opposition que
la Chambre Régionale des Comptes nous a demandé
à plusieurs reprises de faciliter justement les constructions
dans ce quartier spécifique de Marseille, afin qu’un
jour nous puissions revenir par des décisions de
justice, sur lesquelles je ne suis pas un spécialiste,
sur les 780 millions de francs où la Ville de Marseille
est condamnée, pour l’instant à vie,
à reverser aux copropriétaires des Alpilles
parce qu’une Municipalité précédente
avait purement et simplement supprimé un permis de
construire qui avait été dûment voté
par le Conseil Municipal. Depuis lors, chaque année,
nous essayons de trouver des formules. Pour l’instant,
la Ville de Marseille a été condamnée
à vie. Excusez-moi, ce n’était pas la
période où j’étais Maire ! Faut-il
le rappeler ? Nous devons payer 780 millions de francs,
il faut le traduire en euros aujourd’hui. (Des réflexions
dans la salle) Quand cela vous déplaît, vous
parlez à haute voix, vous essayez de troubler l’explication
que je vous donne.
Dans
les rangs de l’opposition : "C’est
au niveau des chiffres".
Monsieur
le Maire.- Si c’est au niveau des chiffres,
qu’on me le traduise tout de suite. Combien cela fait-il
? 800 000 francs par an. En tout cas, effectivement, sur
une durée plus grande, cela fait une somme considérable.
Cette somme que nous devons payer, c’est-à-dire
que nous rendons à des habitants de Marseille, en
fait, la taxe d’habitation qu’ils nous paient,
cela ne nous convient pas ! Et que dit la Chambre Régionale
des Comptes dans ses rapports ? "Vous devriez construire
un peu plus par là et peut-être qu’un
jour il y aura la possibilité que l’on revoie
la condamnation de la Ville de Marseille pour qu’elle
n’ait plus à payer cette somme". Voilà
ce que l’on nous dit aujourd’hui et dans des
rapports écrits, sinon je ne vous le dirai pas !
Donc, dans ce quartier, évidemment il peut se poser
des problèmes de circulation ou autre, et nous les
regarderons aussi. Pour l’instant, on va voter le
rapport tel qu’il est.
Le
rapport 04/0092/EHCV mis aux voix par Monsieur le Maire
est adopté à la majorité,
le Groupe Socialiste et apparentés, le Groupe Communiste
et partenaires et le Groupe Convention Citoyenne votant
contre.
Nautisme : nous maintenons notre totale opposition à
votre projet d’installer une marina au pied du Fort
Saint-Jean
Commissaire
Rapporteur : Mme Gamerre France
126 - 04/0070/Ehcv
Direction Générale Des Services Techniques
- Direction Du Nautisme Et Des Plages ŸOrientations
Générales Pour La Politique Du Nautisme À
Marseille.
(04-9263-Dnp)
Madame
Gamerre- Monsieur le Maire, je voudrais profiter
de cette délibération cadre pour donner quelques
informations à nos collègues. Cette délibération
est de portée plus générale puisque
c’est celle de la politique de la Ville de Marseille
en matière maritime. Mais un de ses aspects, c’est
le nautisme.
L’action de notre Ville en matière de nautisme
se déploie sous une forme très large, de l’aménagement
de la surveillance des plages, avec 3 500 000 baigneurs
cet été sur les plages, à l’immersion
des récifs artificiels pour revaloriser les fonds
marins de notre rade, en passant par la protection des îles
ou encore en organisant avec les associations, les clubs
nautiques, plus de 150 régates par an et des plus
prestigieuses. Et enfin, nos bases nautiques qui accueillent
des milliers de petits Marseillais, qui sont initiés
à la mer et au respect de l’environnement,
et qui sont les futurs skippers qui porteront haut nos couleurs.
Ce n’est pas là un inventaire à la Prévert.
Toutes ces actions sont solidaires les unes des autres,
cohérentes. Elles répondent à un but
précis, un but d’ensemble : convergence, cohérence,
équilibre, c’est le sens de notre politique.
Quelles sont les raisons, Monsieur le Maire, de ce projet
en matière de nautisme ?
Nous avons premièrement constaté que les acteurs
du nautisme, les clubs, les associations, du fait de l’importance
de la demande, se heurtent à de fortes contraintes,
qui sont à la fois des limites structurelles et de
moyens. Il faut donc franchir un cap. Parallèlement,
nous sommes soucieux de l’environnement et l’écologie
ne s’improvise pas. On ne peut pas préserver
ça et là sans impliquer ceux qui connaissent
la mer et sa vie au quotidien, les pêcheurs, les professionnels,
les marins, les sportifs et bien d’autres. C’est
avec eux que doivent se penser et se mettre en œuvre
l’organisation et la gestion de cet espace maritime
et de ses activités, le nautisme. C’est une
politique d’adhésion. Et enfin, troisièmement,
nous revenons bien entendu à l’essor de notre
Ville, à son développement économique
; vous en avez parlé, Monsieur le Maire.
La méthode, c’est développer et fédérer.
Renforcer les activités nautiques, sportives, de
loisirs, particulièrement les formations des jeunes,
en mettant à disposition des fédérations
et des associations, à disposition de l’Éducation
Nationale, d’autres infrastructures plus larges, des
moyens matériels, des ressources humaines supplémentaires
pour accompagner et sécuriser leur développement.
Fédérer, je vous l’ai dit, c’est
fédérer les énergies, mutualiser les
moyens, avec les clubs, les associations, pour s’ouvrir
au plus grand nombre d’activités nautiques.
Mais ce projet ne s’impose pas d’en haut, il
a été concerté au sein de l’Office
de la Mer du Bassin de la Ville de Marseille qui regroupe
l’ensemble des acteurs du nautisme et de la mer et
cette concertation se poursuivra à chaque étape
de son développement.
Voilà, Monsieur le Maire, c’est un véritable
enjeu pour le développement de notre Ville et je
voudrais, Monsieur le Maire que, demain, il y ait autant
de petits Marseillais sur le stade bleu de notre Ville qu’il
y en a sur les pelouses vertes à terre.
Monsieur
Sanmarco.- Monsieur le Maire, mes chers collègues,
au travers de cette déclaration de politique générale,
qui est en effet très générale, je
voudrais rappeler quand même le cœur de nos inquiétudes
et le caractère dubitatif de notre position par rapport
à ce que vous faites. Car, en effet, quand on lit
cela, c’est très bien, mais je ne vois pas
ce qu’il y a de vraiment intéressant. D’ailleurs,
vous n’annoncez strictement rien. Vous dites que vous
allez vous préoccuper. C’est très bien,
mais il n’y a pas là une politique nautique
! Une politique nautique, ce sont des actions, des lieux,
des acteurs.
Tout ceci est donc une déclaration d’intention,
comme vous l’avez dit tout à l’heure
et je m’en réjouis, post Coupe America. Vous
nous dites qu’il y a eu un grand moment autour de
la Coupe de l’America qui a permis de sensibiliser
et qui vous a permis de mesurer qu’il y avait peut-être,
là, un enjeu qui avait jusqu’à présent
été ignoré ou, en tous les cas, qui
n’avait pas été perçu comme une
de vos priorités.
Je voudrais juste formuler deux remarques à cet égard.
Ce qui me paraît vous manquer, c’est à
la fois le recul historique, justement, mais vous nous dites
que vous ne l’aviez pas, très bien, donc bienvenue
dans le club de ceux qui sont des passionnés de nautisme,
et le recul géographique.
Le recul historique, d’abord. Que la médiatisation
à outrance, l’engagement de sommes financières
colossales dans ce qu’est devenue la Coupe de l’America,
changent en effet la perception que l’on peut en avoir,
cela ne doit pas nous faire oublier que pour les personnes
du nautisme à Marseille la Coupe de l’America
est une vieille histoire, une très vieille histoire.
Nous avions même, à un moment donné,
participé à l’élaboration d’un
défi et la Ville de Marseille y était engagée.
Nous avions accueilli ici, les 12 mètres J, "Constellation"
et l’autre qui avait été battu dans
le début des années 60. Bref, tous ceux qui
s’intéressent à cela sont engagés
depuis longtemps.
Et encore récemment pourquoi, mes chers collègues,
la Société Nautique de Genève a-t-elle
été validée au départ de sa
candidature ? C’est bel et bien parce que la Société
Nautique de Marseille lui a servi de point d’appui
pour valoriser leurs acquis et les faire-valoir à
ceux qui devaient les retenir. Donc, il y a là une
vieille histoire et je constate que dans ce que vous faites
aujourd’hui, tous ceux qui y ont participé
ne s’y retrouvent pas.
Par ailleurs, l’histoire de la formation des enfants
de Marseille au nautisme est ancienne. La base du Roucas
Blanc en témoigne ainsi que la base nautique du Frioul,
avec le centre Léo Lagrange : tout ceci était
la manifestation d’une politique qui veillait à
ne pas limiter le nautisme à l’expression commerciale
de grand spectacle, de qualité s’il le faut,
mais à ce que lors d’un grand événement
nautique, en effet, des milliers et des milliers de jeunes
enfants aient été formés longtemps
à l’avance et participent à ce qui devient
en effet une fête.
Il n’y a pas d’autre secret à ce qui
se passe en Bretagne chaque fois qu’il y a une grande
manifestation sportive : tous les Bretons sont des marins
et tous participent à ce moment-là. La réalité
n’est donc pas de savoir si l’on peut ou pas
engager de grands événements sportifs, c’est
de savoir comment nous formons nos jeunes. Or, à
cet égard, c’est la grande incertitude. L’avenir
même du Bassin du Roucas Blanc est à cet égard
devant nous. Quel est votre projet sur la base du Roucas
Blanc ? Pour celle du Frioul ?
Maintenant, parlons du manque de recul géographique
dans ce rapport. C’est bien de parler de ce qui se
passe à Marseille, mais nous sommes tous engagés
dans la Communauté Urbaine, d’où les
financements d’ailleurs viendront et c’est bien
là que cela se fera. Or, comment peut-on nous présenter
une politique du nautisme à Marseille lorsque, par
exemple, et il suffit de lire les journaux de la quinzaine,
on nous parle de la réouverture du Tunnel du Rove,
précisément pour la plaisance d’ailleurs,
ce qui va évidemment avoir des conséquences
sur le Port de l’Estaque et le Port de la Lave ?
Et pourquoi concevoir une politique nautique sans intégrer
l’ensemble de l’Étang de Berre ? Vous
nous dites qu’il y a des milliers de Marseillais,
mais vous le prenez au sens anglo-saxon du terme. Ce sont
des milliers d’habitants de notre Communauté
Urbaine qui ont besoin, en effet. Et l’Etang de Berre
est à l’évidence sous-utilisé.
Vous ne nous parlez pas non plus de ce qui se passe à
La Ciotat, où le problème de l’élévateur
à bateaux est déjà à l’origine
de nombreuses inquiétudes. Le problème de
Cassis, également.
Et pour se rapprocher, il n’est pas dit dans votre
délibération, et pour cause mais il faut peut-être
l’avoir en tête, quel est l’avenir des
bassins Est du Port Autonome, c’est-à-dire
les Marseillais. Peut-être est-ce pour cela, d’ailleurs,
Monsieur le Maire, que de manière assez inattendue
vous parlez de la réparation navale ? On comprend
bien ce qu’il y a derrière, là. Est-ce
qu’il y a une activité commerciale ou industrielle
dans les bassins Est de Marseille ou quoi ? Et on ne peut
pas laisser ces questions sans réponse, faute de
quoi, évidemment, on est dans des documents qui n’ont
pas grand intérêt.
Et sous nos yeux, qu’allez-vous faire du Vieux Port
? Cela fait des années que nous connaissons, tous
ensemble, les problèmes qui se posent. Ils étaient
là, d’ailleurs, bien avant vous. La pression
continue de monter, il n’y a pas de réponse,
que se passe-t-il ? Les acteurs dont je parlais tout à
l’heure, qui font partie de l’histoire du nautisme
dans cette ville, n’ont pas les réponses à
leurs questions. Pour l’instant, votre seule action
en 8 ans de mandat aura été l’autorisation,
à côté des anciennes douanes, d’un
ponton (on n’ose pas parler d’un bateau à
propos de quelque chose incapable de naviguer) destiné
à des réceptions de luxe ! Le monde du nautisme
ne vous en remercie pas !
Pour conclure, nous serions prêts naturellement à
soutenir tous vos efforts puisque nous sommes des personnes
qui croyons à la vocation nautique de Marseille et
à l’intérêt économique
de ce type d’activités, mais nous craignons,
en vous regardant découvrir ce problème, que
vous ne limitiez votre politique – et je souhaite
que vous nous démentiez – en fait à
deux choses : les grands shows, The Race, dont on voit d’ailleurs
la difficulté, et la multiplication des anneaux payants.
Or, cela n’est pas une politique nautique.
Et vous me comprendrez bien, Monsieur le Maire, de dire
à cet égard que nous maintenons notre totale
opposition à votre projet d’installer une marina
au pied du Fort Saint-Jean, absolument contraire au schéma
initial d’aménagement de cette zone. Nous continuerons
à nous y opposer, avec tous les moyens de droit dont
nous disposons, car ce n’est pas cela du tout qui
fait partie d’une politique nautique digne de ce nom.
Merci de votre attention.
Monsieur
le Maire.- Vous dites beaucoup de choses, à
la fois des choses raisonnables et aussi d’autres
qui ne le sont pas. Tout ceci est une vue d’ensemble.
Nous voudrions profiter de relancer, effectivement à
travers le nautisme, un certain nombre d’activités
et répondre aux besoins des Marseillaises et des
Marseillais. Mais je vous engagerai à plus de modestie,
M. Sanmarco. Le Frioul, grande affaire d’il y a 30
ans, vous savez bien que ce n’est pas bon, vous savez
bien que ce n’est pas ce que nous voulons, vous savez
bien que cela ne réussit pas !
L’ordre dans le Vieux Port, y compris pour les bateaux
qui sont sans droit ni titre : rien dans le passé
n’avait jamais été réglé,
jamais ! Et tout le monde s’en accommodait et tout
le monde fermait les yeux ! Nous essayons de mettre un peu
d’ordre. Si c’était aussi facile que
cela, M. Sanmarco, premièrement, cela aurait été
fait dans le passé et, deuxièmement, nous
l’aurions fait peut-être depuis que nous sommes
là. C’est parce que c’est terriblement
compliqué. Il faut faire évoluer les mentalités,
il faut faire changer les choses. N’allez pas me reprocher,
vous aussi, The Race ou Team ou je ne sais trop quoi ! Tout
d’un coup, nous nous rendons compte que ces grandes
manifestations du nautisme passionnent les personnes, attirent
des foules et que les gens sont heureux de cela. Pourquoi
ne le ferions-nous pas ? Jadis, cela ne s’était
pas fait. Nous le faisons au fur et à mesure.
Bien entendu que l’on tient compte des choses ! Bien
entendu que l’on veut améliorer un certain
nombre de choses ! Sans cesse, je dis à Mme Servant
: arrêtez-moi les permis de construire illégaux,
notamment quand vous traversez les Goudes ! Les gens ont
tous les culots ! Il y en a un qui est venu construire sur
la voie publique même, aux Goudes ! Maintenant ! Et
il faut sans arrêt que nous disions : "attention
à cela, attention, Monsieur le Préfet",
quand c’est un permis Préfet. Il faut sans
arrêt regarder, vérifier ces choses. Nous sommes
dans ce domaine en train d’essayer de le faire. Par
conséquent, ne nous brandissez pas je ne sais quels
anathèmes pour nous dire : "vous faites mal
!". On essaie de bien faire et on essaie d’avancer.
Et puis après, nous ajusterons d’une manière
pragmatique, au fur et à mesure.
Voilà ce que nous essayons de faire ! Oui, nous avons
mis du temps à mettre de l’ordre au Yachting
Club dans le Port de la Pointe Rouge. Oui, on a du mal avec
ceux dans le Vieux Port, et ainsi de suite, et Dieu sait
s’ils avaient été protégés
dans le passé, M. Sanmarco. Ils le sont aujourd’hui
beaucoup moins parce que, dans cette ville, je veux le respect
des règles et des lois, et pour tout le monde !
Le
rapport 04/0070/EHCV mis aux voix par Monsieur le Maire
est adopté à l’unanimité,
le Groupe Communiste et partenaires et le Groupe Convention
Citoyenne s’abstenant.
La
qualité de l’école et son rôle
premier de lutte contre l’illettrisme, l’analphabétisme,
sont un des facteurs de cohésion de notre société
Rapport 86 : Ce rapport sur l’illettrisme
me donne l’occasion de poser quelques constats de
fonds sur cette question et vous faire quelques propositions.
Tahar
Rahmani
Alors qu’un débat national sur l’avenir
de l’école vient d’être lancé,
le rapprochement récent des termes « décentralisation
» et « Éducation nationale » a
suscité une importante levée de boucliers
: soupçons de vouloir mettre fin au système
éducatif national, de vouloir « libéraliser
», « municipaliser » l’école,
de rompre la cohérence des équipes éducatives,
de favoriser les inégalités entre territoires,
etc.
La qualité de l’école et son
rôle premier de lutte contre l’illettrisme,
l’analphabétisme, sont un des facteurs de cohésion
de notre société.
En dépit des nombreux efforts entrepris depuis une
vingtaine d’années, force est de constater
que les spirales de l’échec scolaire d’une
part, et de l’enfermement social et urbain, d’autre
part, n’ont fait que s’aggraver au cours des
vingt dernières années, accentuant de fait
les inégalités territoriales.
Les
difficultés rencontrées dans la lutte contre
l’échec scolaire contribuent à dévaloriser
l’école publique dans les zones urbaines sensibles.
Au
niveau national, l’on estime qu’environ un collégien
sur cinq connaît d’importantes difficultés
d’apprentissage, tandis que 60 000 jeunes sortent
encore chaque année du système scolaire sans
la formation leur permettant de s’insérer dans
la société. Ces chiffres sont proportionnellement
supérieurs dans les quartiers de la politique de
la ville où vivent des populations en mal d’intégration
économique, sociale et culturelle et dont beaucoup
souffrent de l’illettrisme.
À cela s’ajoutent l’augmentation des
phénomènes de décrochage, de l’absentéisme
scolaire et la montée des tensions entre élèves
– sur fond de revendications identitaires de toutes
sortes (religion, culture, sexe) – qui font que l’école
publique est de moins en moins perçue comme un lieu
où « il faut vivre et apprendre ensemble ».
La
logique ségrégative, l’absence de mixité
et l’« entre soi » se ressentent ainsi
de plus en plus au sein des établissements scolaires,
contribuant de fait à instaurer un système
à plusieurs vitesses, qui va à l’encontre
de l’idéal républicain d’une école
intégratrice favorisant l’égalité
des chances.
On
sait bien, naturellement que la problématique de
l’illettrisme et les problématiques sociales
sont étroitement imbriquées : les deux vont
de pair et s’alimentent l’une l’autre.
La dévalorisation de l’école publique
a de fortes incidences sur le devenir global des quartiers
et, inversement, la dégradation de ces derniers interroge
en profondeur l’action éducative vis-à-vis
de populations de plus en plus captives.
Un
élève sur cinq fait aujourd’hui partie
d’une Zone d’éducation prioritaire (ZEP).
La politique de discrimination positive territoriale instituée
en 1981 au sein de l’Éducation Nationale –
et relancée à deux reprises au début
et à la fin des années 1990 – n’a
pourtant pas été à la hauteur des espérances.
Plusieurs
explications ont été apportées à
cet échec relatif des ZEP, parmi lesquelles l’aggravation
objective de la situation scolaire et de l’image des
quartiers, l’insuffisance des moyens et des outils
pédagogiques pour lutter contre l’échec
scolaire, une faible autonomie des établissements
dans le choix de leurs moyens d’action, la multiplication
des zones (on est passé de 355 à 708 en 2002),
la trop fréquente jeunesse et inexpérience
des enseignants, le découragement de certains d’entre
eux, et la faible stabilité des équipes éducatives,
la faiblesse de l’évaluation qualitative des
actions engagées, etc.
Face
à cela, face à l’échec, il est
urgent de réagir vigoureusement, car l’illettrisme
n’est que la cause de cet état de fait et la
Municipalité a un rôle majeur, déterminant
à ce jour, mais évidemment pas seule.
Mixité
sociale, qualité du logement, de l’urbanisme
et des espaces publics, tranquillité publique, attractivité
territoriale, qualité du service public, lutte contre
les discriminations… Voilà tracées les
principales pistes d’actions globales, complétées
par quelques propositions, comme, par exemple :
1
– intégrer
une compétence éducative dans les équipes
GPV et politique de la ville, en lien étroit avec
l’Éducation nationale,
2
– soutenir les associations de
lutte contre l’illettrisme, comme c’est le cas
avec ce rapport,
3
– mise en place, partout de Projets
éducatifs locaux,
4
– disposer des coordonnateurs
PEL, directement rattachés au maires et mairies de
secteurs, avec double compétence – éducation
et développement local.
Enfin,
et puisque j’ai commencé par là, inscrire
dans la future loi d’orientation sur l’éducation,
la contribution des collectivités territoriales à
l’éducation des enfants et à l’amélioration
de leur réussite scolaire, aux côtés
du service public de l’éducation.
Je
vous remercie
|