Conseil
municipal de Marseille du 16/12/2002
Le
Grand projet de ville, une usine à gaz ingouvernable
COMMISSAIRE
RAPPORTEUR : M. SUSINI Bernard
81 - 02/1292/EHCV - SECRETARIAT GENERAL
- GRAND PROJET DE VILLE - Création d'un Groupement
d'intérêt public et d'un Syndicat mixte ouvert
- Adhésion de la Ville de Marseille.
82 - 02/1293/EHCV - SECRETARIAT GENERAL
- GRAND PROJET DE VILLE - Programmation 2003.(02-7529-SG)
Philippe Sanmarco
Monsieur
le Maire, j'interviendrai sur les deux rapports 81 et 82,
pour dire d'abord que sur le 82 ayant trait à la
programmation proprement dite nous voterons pour et nous
nous en félicitons.
Par contre, sur le précédent qui a trait à
la gouvernance (selon le mot à la mode), pourquoi
faire simple quand on peut faire compliqué ? Monsieur
le Maire, s'il s'agissait de territoires à partir
desquels les citoyens vous donnent votre majorité,
les laisseriez-vous écrasés sous cet empilement
de dispositifs au terme duquel une chatte n'y retrouverait
pas ses petits ?
Politique de la ville : une petite remarque sur le contenu.
Sur le contenu, tout le monde est d'accord. Il y a des plaquettes
fabuleuses, qui présentent fort bien les diagnostics,
les propositions, les remèdes, les financements :
très bien ! Le contenu d'une politique de la ville
pour une ville est quand même quelque chose dont elle
doit s'occuper au 1er rang, et pour laquelle elle doit veiller
à rassembler le maximum de partenaires financiers.
Mais c'est quand même bien elle, car c'est elle qui
sera jugée par les électeurs au 1er rang,
qui doit prendre ce problème à bras-le-corps
!
Si ce terme politique de la ville a fleuri depuis quelque
10 ou 15 ans, il voulait dire très profondément
une volonté de recoudre des territoires déchirés
; des territoires qui ont été déchirés,
à Marseille comme partout en France depuis la guerre,
dans des logiques techniciennes qui ont fleuri particulièrement
dans le territoire dont nous parlons aujourd'hui avec les
mots de ZUP, ZAC, etc. Je pense que M. Blum suit et adhère
à mes propos qui ne constituent qu'un rappel historique.
Recoudre ces territoires veut dire :
• S'imposer de lier désormais la politique
sociale et la politique des infrastructures ;
• Impliquer désormais totalement les citoyens
avec des élus responsables face à eux
.
Par contre, en ce qui concerne la méthode nous sommes
à la mode du partenariat : vous ne pouvez pas y échapper.
On peut quand même noter, au passage, la confusion
des responsabilités générées
et la déresponsabilisation dont nous avons une caricature
dans ce dossier.
Que s'est-il passé alors qu'il s'agit d'un des dossiers
importants et dans lequel l'ensemble des financements déjà
mobilisés est extrêmement important ? Je ferai
un petit rappel historique.
En juillet 1998, vous nous avez demandé d'adopter
la création d'un Groupement dintérêt
public entre la Ville et l'Etat, pour mettre en place la
politique de la ville : nous l'avons tous voté.
Deux ans plus tard, en décembre 2000, vous présentez
une nouvelle délibération (tout cela continue
donc d'aller doucement pendant ce temps-là parce
que les problèmes de méthode ne sont pas réglés)
élargissant le GIP Ville-Etat au Conseil général
et au Conseil régional - très bonne idée
-, et surtout déclarant que le G.I.P. va gérer
le Grand projet de ville. La délibération
est courte : le contrat de ville, signé entre
l'Etat et la Ville de Marseille, la Région, le Département
et le Fonds d'action sociale prévoit de constituer
une maîtrise d'ouvrage collective et partenariale
commune au contrat de ville et au Grand projet deville.
Le contrat de ville propose de s'appuyer sur le groupement
d'intérêt public pour la gestion de la politique
de la ville, etc. Il n'y a pas besoin de chercher plus
loin : cette délibération était excellente.
Que s'est-il passé entre-temps ? Je ne vais pas entamer
ici une polémique.
En octobre 2001, il a fallu une nouvelle délibération
pour désigner sans attendre les représentants
de la Ville, faute de la présence du Conseil Général
et du Conseil Régional. Pendant ce temps-là,
pour des raisons sur lesquelles je ne m'étalerai
pas (nous le ferons ailleurs sur le bilan de ces collectivités),
le Conseil Général et le Conseil Régional
(c'est leur droit) continuent d'avoir une politique de maîtrise
d'ouvrage sur ces territoires mais sont en dehors du partenariat,
chacun voulant continuer à garder la maîtrise.
Pendant le même temps, on a longuement réfléchi.
Si un document de juristes de plus de 60 pages a été
commandé par le Conseil régional, j'imagine
que chaque collectivité a fait de même. Tout
ceci a généré des coûts extrêmement
lourds. Je signale simplement les documents que vous nous
avez présentés. Il suffit de lire l'information
de la Chambre régionale des comptes au Conseil municipal
en 2001, qui dit des choses très simples sur la complexité,
les interrogations, la faible connaissance des nouvelles
structures. Des choses simples : soit il faut essayer de
trouver une structure juridique qui puisse incarner valablement
le GPV ou alors se poser la question de son utilité.
On en était là et on pouvait espérer
qu'un resserrement du dispositif allait nous être
présenté, lorsque vous proposez cette délibération
qui va à l'encontre de tout ce à quoi nous
nous attendions. (Protestations sur les bancs de la Majorité.)
Je comprends que cela agace, mais nous aurons l'occasion
d'en reparler, car ce qui est en train de se mettre en place
ne marchera pas plus que les dispositifs précédents.
En un mot, avec cette délibération, nous allons
avoir pour s' occuper d' un même territoire, où
vivent des centaines de milliers d'habitants aux prises
avec des problèmes majeurs:
• Trois conseils de secteurs (je ne peux qu'aller
encore plus loin que ce qui vient d'être dit par notre
collègue Dutoit ),
• Deux conseils municipaux (celui de Marseille et
celui Septèmes),
- Un conseil général
- Et un conseil régional qui continuent chacun de
leur coté de garder leur maîtrise d'ouvrage,
• L'Etat qui est là comme partenaire muet alors
qu'il apporte des financements majeurs,
• Deux groupements d'intérêt public,
• Un syndicat mixte ouvert alors que sa caractéristique
première est d'être fermé à la
présence de l'Etat.
• Sans oublier bien sûr la Communauté
urbaine qui, entre-temps, s'est créée et qui
va se trouver, à peine créée, dépossédée
des compétences qui lui sont légalement transférées.
Monsieur
le Maire, on ne peut que féliciter tous ceux de vos
adjoints et de vos personnels qui arrivent à faire
fonctionner malgré tout, au prix d'un incroyable
gaspillage d'énergie et de perte de temps, une véritable
usine à gaz.
Les trois-quarts des élus du groupe Convention citoyenne
étant issus de ces quartiers, nous sommes particulièrement
fondés à voter contre ce rapport.
M.
le maire
Monsieur Susini, vous pouvez commencer par dire à
M. Sanmarco qu'il se trompe entre le G.I.P., le contrat
de ville et le Grand Projet de Ville.
M.
Susini
Monsieur le Maire, mes chers collègues, je voudrais
tout d'abord revenir sur l'intervention de Mme Andrieux-Bacquet
qui a exprimé sa satisfaction que nous partageons,
sur cette double création d'un G.I.P. et d'un syndicat
mixte qui constitue l'épilogue d'un feuilleton à
multiples rebondissements sur lequel je reviendrai pour
répondre à M. Sanmarco. Ces deux outils constituent
deux accélérateurs qui vont nous permettre
d'engager des crédits et de requalifier, dans les
meilleurs délais, ces quartiers.
La délibération qui suit la délibération
sur la création du G.I.P. et du syndicat mixte constitue
un gage de notre volonté d'aller vite dans ce domaine.
Monsieur Sanmarco, je crois qu'il faut s'en tenir toujours
à l'histoire et à la chronologie des faits.
La chronologie des faits est devant moi.
Vous avez rappelé que, en décembre 2000, nous
avions approuvé à l'unanimité ici une
délibération créant le G.P.V. Cette
délibération prévoyait le périmètre
d'intervention, les pôles d'intervention prioritaires,
le montant de la participation de chacune des collectivités.
Théoriquement, tout était en place pour un
démarrage institutionnel. Le Conseil régional
et le Conseil général avaient voté
le même texte. L'Etat, qui avait été
partie prenante de toute la négociation, nous a annoncé
en pleine campagne municipale, en février-mars 2001,
qu'il fallait renégocier la copie. Nous avons donc
revu la copie. En juillet 2001, nous avons voté une
deuxième mouture instituant de nouveau un GIP, un
contrat de ville, avec des obligations supplémentaires
à la charge de la Ville. Nous pensions être
au bout de nos peines. Non : le feuilleton allait continuer
!
Il a fallu six mois à l'Etat et au Préfet
de Région pour nous inviter à signer le protocole
d'accord réunissant l'Etat, la Région, le
Conseil Général et la Ville.
En 2002, le mécanisme était en place pour
commencer. Le Conseil général a souhaité
renégocier non pas le périmètre, les
crédits, les participations, mais le système
de gouvernance. La Ville et la Région, qui étaient
moteurs dans la mise en place du dispositif, ont demandé
à l'Etat de prendre le relais et de négocier
directement avec le Conseil général. Il a
fallu une année. Nous sommes donc en décembre
2002, et nous avons tous les outils pour fonctionner.
Il est vrai que, pendant ces deux ans, il a fallu beaucoup
d'énergie pour faire fonctionner un dispositif et
que nous avons perdu beaucoup de temps à discuter
du sexe des anges plutôt que de la programmation.
M. Dutoit regrette de ne pas voir les mairies de secteur
siéger au sein des instances décisionnelles
du G.P.V. La réponse que je lui ferai est celle que
j'ai formulée lors de précédentes séances
du Conseil municipal, lorsque le sujet a été
abordé. La position de la Ville tient à l'application
non pas d'une mais de deux lois : la loi de décentralisation,
voulue par Gaston Defferre, qui organise la répartition
des compétences entre mairie centrale et mairies
de secteur tout en affirmant la prééminence
de la mairie centrale afin d'assurer une unité de
fonctionnement et de gestion à la Ville ; la loi
sur les regroupements de communes, de Jean-Pierre Chevènement,
organisait les transferts de compétences vers les
communautés d'agglomération et les communautés
urbaines sans faire mention, à aucun moment, des
maires de secteur ! Les mairies de secteur n'existent pas
au niveau des communautés urbaines et des communautés
d'agglomération.
Par deux fois, à près de 20 ans d'intervalle,
le législateur a clairement exprimé sa volonté
de voir la mairie centrale exercer et incarner le pouvoir
municipal.
En conséquence, pour tout ce qui touche le domaine
de décisions et le Conseil d'administration - M.
Sanmarco qui est un juriste me comprendra -, la voix délibérative,
la représentation de la Ville de Marseille passe
par le seul maire de Marseille à l'exclusive de tout
autre. Comme il appartient au président du Conseil
général de représenter le Département
et au président du Conseil régional de représenter
la Région.
Faut-il pour autant exclure les mairies de secteur de tout
processus de décision ? A l'évidence non !
Monsieur le Maire, vous avez déjà tracé
la voie puisque vous avez permis aux mairies de secteur
d'examiner en amont les rapports qui devaient être
présentés en communauté urbaine. Nous
nous sommes inscrits dans cette logique d'ouverture. Nous
avons procédé de la même façon.
Les maires de secteur seront membres de droit de l'assemblée
générale. Ils bénéficieront
d'une voix consultative afin de pouvoir exercer leur double
droit de participation et d'expression.
C'est là une avancée d'autant plus significative
que les dispositions du règlement intérieur
qui vont traiter des relations entre le G.P.V. et les maires
de secteur vont formaliser des textes qui vont permettre
d'associer les mairies de secteur à la préparation
et au suivi de la programmation ainsi qu'à l'organisation
de la concertation avec la population sur les opérations
qui sont projetées sur leur secteur. Nous avons été
là au maximum de ce que nous pouvions faire. Je crois
que, en fait, nous répondons à vos souhaits.
(Applaudissements sur les bancs de la Majorité.)
M.
le maire
Je voudrais remercier M. Bernard Susini pour toute l'attention
qu'il apporte à l'évolution de ces problèmes
qui sont très compliqués. Pourquoi compliqués
? Parce que, de temps à autre, il y a un blocage
dans une institution. Parce qu'on va nommer quelqu'un qui
ne plaît pas à un président d'institution.
Alors, on bloque, on arrête et le Préfet, au
bout de quelques mois, finit par dire qu'il ne peut avancer
du fait d'un obstacle dans l'une des collectivités
territoriales.
On est passé d'une petite zone à une zone
beaucoup plus grande à la demande de Mme Andrieux-Bacquet.
Vous ne pouvez pas dire que ma municipalité, même
à la veille des élections, a été
restrictive sur ces décisions. Nous avons suivi la
volonté que le député du secteur formulait.
Pour le reste, il s'agit de lois socialistes qui ont établi
les choses. Les lois socialistes considèrent que
le maire de la Ville de Marseille est le responsable. Quand
le Conseil général doit nommer deux membres
en son sein pour aller au Grand projet de ville, croyez-vous
qu'il va nommer un membre de l'opposition ? Les bras m'en
tomberaient ! C'est clair, net et précis : on nomme
parmi la majorité du Conseil général.
Au Conseil régional, la désignation peut être
différente compte tenu qu'il n'y a pas de majorité.
Cela dépend d'une négociation qui peut s'opérer.
A l'époque où j'étais en responsabilité,
quand il s'est agit d'Euroméditerranée où
il fallait désigner deux représentants, j'ai
désigné Mme Andrieux-Bacquet. On ne peut pas
dire que je ne tenais pas compte de l'opposition de l'époque.
J'aimerais bien que, de temps à autre, il y ait réciprocité.
Pour le reste, comprenant les arguments de M. Dutoit et
souhaitant même aller un peu dans son sens (ce sont
les indications que je m'étais permis de suggérer
à M. Susini qui en tient le plus grand compte), nous
essayons d'associer les mairies de secteur tant que nous
le pouvons. Pour l'instant, le texte de loi ne prévoit
pas la représentation du maire du secteur en tant
que tel, à l'intérieur de cet organisme. Nous
devrons procéder à la désignation de
deux représentants de la Ville de Marseille. Je dis
tout de suite à M. Dutoit que nous procéderons
en fonction de ce que les autres assemblées désigneront.
Je ne suis pas bloqué au fait de dire que, à
Marseille, nous désignerons un membre de la majorité
et un membre de l'opposition si, dans les autres assemblées
territoriales, on a la même attitude républicaine
et démocratique. Dans le cas contraire, si la réponse
est : "Gaudin et ses sbires", comme je l'ai entendu
ce matin à la radio, alors ce seront deux représentants
de Gaudin. Sans broncher ! (Applaudissements sur les bancs
de la Majorité.)
- Le
rapport 02/1292/EHCV mis aux voix par M. le Maire est
adopté à la majorité, les élus
Convention citoyenne votant contre et les élus
M.N.R. s'abstenant.
-
Le rapport 02/1293/EHCV mis aux voix par M. le Maire est
adopté à l'unanimité, les élus
M.N.R. s'abstenant.
Réhabilitation
du centre ville,
où en est l’obligation de relogement ?
Rapport
N° 72 — 02/1 285/EHCV — DIRECTION
GÉNÉRALE DE L’URBANISME ET DE L’HABITAT
— DIRECTION DE L’HABITAT ET DU LOGEMENT —
SERVICE DÉVELOPPEMENT ET RÉNOVATION DE L’HABITAT
PROJET CENTRE VILLE — Périmètre de restauration
immobilière Thubaneau — Compte rendu annuel
à la collectivité au 31 décembre 2001
— Avenant n° 6 à la Convention publique
d’aménagement n° 93/177 entre la Ville
et Marseille aménagement.
73 — 02/1 285/EHCV — DIRECTION
GÉNÉRALE DE L’URBANISME ET DE L’HABITAT
— DIRECTION DE L’HABITAT ET DU LOGEMENT —
SERVICE DÉVELOPPEMENT ET RÉNOVATION DE L’HABITAT
- PROJET CENTRE VILLE — Périmètre
de Restauration Immobilière "Panier- Vieille
Charité" — Convention publique d’aménagement
n° 98/460 entre la Ville et Marseille Aménagement
— Compte Rendu Annuel à la Collectivité
au 31 décembre 2001 — Avenant n° 4 à
la convention.
74 — 02/1 286/EHCV — DIRECTION
GÉNÉRALE DE L’URBANISME ET DE L’HABITAT
— DIRECTION DE L’HABITAT ET DU LOGEMENT —
SERVICE DÉVELOPPEMENT ET RÉNOVATION DE L’HABITAT
- PROJET CENTRE VILLE — Périmètre de
Restauration Immobilière "Centre Ville"
— Compte Rendu Annuel à la Collectivité
au 31 décembre 2001 — Avenant n° 4 à
la Convention d’aménagement n° 95/088 entre
la Ville et Marseille
Philippe
Sanmarco
Monsieur le Maire, mes chers collègues, j’interviendrai
brièvement sur les rapports 72, 73 et 74, c’est-à-dire
sur les trois comptes rendus annuels à la collectivité
que Marseille Aménagement nous présente et
qui sont soumis à notre collectivité. J’ai
déjà eu souvent l’occasion de m’exprimer
sur ces questions-là, et je ne reviendrai donc pas
sur le fond. Vous savez que notre opposition n’est
pas sur le principe de ce qui est fait, mais sur ce que
nous avions considéré, jusqu’à
une période récente, comme une évidente
dérive financière d’une opération
d’utilité publique. Nous avions estimé
que la priorité de nos investisseurs avait largement
dépassé le souci à porter aux populations
présentes, qu’elles soient d’ailleurs
propriétaires ou locataires.
Ces rapports nous sont présentés avec un peu
de retard, puisqu’il s’agit des années
2001. Nous sommes en décembre 2002 et nous avons
donc le recul pour regarder. Sauf que, sur l’une des
trois opérations (je veux parler de celle du centre
ville c’est-à-dire Belsunce, Chapitre et Noailles),
on nous présente aussi le rapport d’activité
de l’année 2000. Ainsi, nous avons pratiquement
trois ans de retard pour apprécier ce qui se passe.
De manière assez paradoxale, il s’agit de celle
dont vous avez l’initiative puisque les deux autres
étaient déjà en cours lorsque vous
êtes arrivé dans votre fauteuil de maire.
Or, Monsieur le Maire, permettez-moi de dire que nous trouvons
dans ces rapports, qui sont loin des discours lénifiants
et des coups de trompe autosatisfaits, quelques constats
qui confirment les alertes que nous avions formulées.
J’en signalerai deux seulement.
1 Je
souligne d’abord la faiblesse des relogements, la
grande faiblesse des relogements.
Dans l’opération Belsunce, Chapitre, Noailles,
dite centre ville, il en est indiqué 23 en 2000.
En 2001, il en est indiqué 13. En 2002, il était
prévu de reloger 31 familles. Ensuite, il est dit
pudiquement qu’il sera procédé à
20 relogements par an. Nous sommes loin des besoins.
Dans le rapport relatif à l’action dans ce
P.R.I. centre ville, il est noté que, pour la première
fois, sera créé en 2002 un poste de logements
tiroirs (on note donc qu’il ne devait pas exister
avant) et qu’il s’agit là d’une
application du protocole d’éradication de l’habitat
insalubre que vous avez signé ici même. Nous
avons applaudi à cette opération. Il est indiqué,
dans ce document, que la Ville s’engage à fournir
40 logements tiroirs dont 6 sont repérés.
S’agissant quasiment du bilan de l’année
2002, il aurait été intéressant de
savoir où vous en étiez, et surtout de constater
la faiblesse des chiffres qui sont apparus.
Dans le secteur Thubaneau, Poids-de-la-Farine, Vincent-Scotto,
c’est encore plus difficile. En 2001, il apparaît
qu’il n’y a eu aucune dépense de relogement.
Voilà des économies surprenantes. En 2002,
il était prévu 23 relogements ; en 2003, 20
relogements ; en 2004, 13 et en 2005, 7. C’est dire
si nous sommes loin des besoins.
Concernant l’opération Panier, Vieille Charité,
il est indiqué 12 relogements en 2001. Il est simplement
indiqué des perspectives de ce que l’on appelle
communément l’îlot Sanchez, c’est-à-dire
105 logements dans 15 immeubles tous insalubres, pour lesquels
le rapport indique très pudiquement que l’on
devrait reloger 10 familles en 2002, 10 en 2003 et, sur
la période 2004-2005, 8 par an. Là aussi,
le déficit est criant.
Or, on ne lit pas un mot sur ce qui se passe par ailleurs
dans le même temps, c’est-à-dire par
exemple aux 2, 4, 6 rue des Phocéens, c’est-à-dire
la multiplication des squats au sujet desquels les services
de la municipalité ont été impliqués
dès l’été 2001 sans aucun résultat
à ce jour alors que la situation empire. Ils n’apparaissent
pas du tout dans ces rapports.
2 La
deuxième caractéristique de ces comptes rendus
d’activité est que les garanties locatives
jouent à plein, que ce soient les garanties données
en cas de vacance ou celles données en cas d’impayés
de loyers. Je signale que ce sont des garanties données
aux investisseurs — que je n’ose appeler des
propriétaires tant ils se désintéressent
de leur qualité de propriétaires et qu’ils
laissent à Marseille Aménagement le soin de
s’occuper de tout.
N’apparaissent pas dans ces rapports — et je
crains que cela finisse par arriver bientôt, c’est-à-dire
à l’échéance de ces conventions
— les clauses de rachat que vous avez accordées
à ces spéculateurs-financiers-propriétaires.
Comme vous le savez, non seulement on a laissé Marseille
Aménagement tout faire à leur place (faire
les travaux, trouver les locataires, payer en cas de vacance,
payer en cas d’impayé) mais, en plus, au terme
de la période de défiscalisation, seul moteur
pour ces gens-là, vous leur avez donné la
possibilité de demander à la municipalité
de racheter ces biens. Les années se rapprochent
de cette inéluctable conséquence.
Sans parler de ce qui n’apparaît pas non plus
dans ces comptes rendus, et qui est votre déplorable
rapport au monde associatif qu’il serait facile de
faire participer dans un comité de pilotage. Vos
services ont été saisis, les adjoints également.
Il existe là quelque chose qui serait très
facilement adaptable.
Monsieur le Maire, ces rapports font apparaître très
clairement que vous êtes bien sûr face à
un problème extrêmement difficile avec une
qualité du bâti très dégradée,
des populations (qu’il s’agisse de propriétaires
ou de locataires) ayant d’une manière générale
de très faibles moyens financiers. Le recours à
l’argent public a montré ses limites. Il était
donc nécessaire de recourir à l’argent
privé, et donc à des incitations fiscales.
Mais la dérive financière, dont nous avions
parlé les années passées, avec l’espèce
d’engouement vers cette nouvelle image de carte postale
et une nouvelle population, composée essentiellement
d’artistes ou de cadres supérieurs (ce qui
est évidemment très souhaitable), a amené
les opérateurs à vivre les opérations
de relogements comme autant d’obstacles et autant
de soucis que l’on préférerait ne pas
avoir à s’occuper. Et je ne parle pas du dérapage
freudien d’un élu de votre majorité
que nous avons été contraints d’entendre
dans cette salle, lors de la dernière séance
du Conseil municipal, suggérer le recours "au
bain d’acide".
Monsieur le Maire, vous êtes dans cette affaire au
milieu du gué. Un autre rapport, le 126, sur une
seule opération, demande quand même la garantie
d’emprunt pour 80 % d’un emprunt de 1,2 million
d’euros uniquement sur l’opération Thubaneau.
Ce sont des sommes importantes qui sont engagées.
Pour réussir (ce que nous souhaitons) et pour aller
plus loin, vous n’échapperez pas à la
nécessité de débloquer le problème
du relogement et singulièrement du relogement social
qui n’est pas simplement un problème moral
ou éthique, toute chose parfaitement respectable.
Il est une nécessité pour vous permettre d’aller
plus loin dans ce que vous avez initié.
Jusqu’à présent ces questions de relogement
étaient traitées par le mépris. Je
ne reviens pas sur les propos de votre adjoint au centre
ville comptant sur le simple décès des gens
pour régler les problèmes. Elles ont aussi
été traitées par le privé de
manière assez brutale. Je n’aurai pas la cruauté
de revenir sur l’appel que je vous avais personnellement
lancé à propos de ce qui se passait rue de
la Fare. Pas plus tard que jeudi dernier d’ailleurs,
le propriétaire a été lourdement condamné
pour s’être exonéré de ses obligations
de relogements qui ne peuvent pas ne pas vous concerner,
Monsieur le Maire, dans la mesure où tout ce qui
se passe dans ce périmètre est lié
à une opération déclarée d’utilité
publique et chacun, sous votre contrôle, doit s’y
soumettre. Bien évidemment, les opérateurs
comme Marseille Aménagement relevant directement
de la Ville doivent s’y soumettre. Mais ce qui est
fait à côté d’eux par les opérateurs
privés vous concerne aussi directement. Jusqu’à
présent, libre cours avait été donné
aux propriétaires privés d’expulser
les gens à la cloche de bois. Cette fois-ci, un coup
d’arrêt vient de leur être apporté
de manière magistrale : nous devons nous en féliciter
tous ensemble.
Il existe en effet clairement maintenant l’exigence
légale du respect par tous et sous votre contrôle
de l’obligation de relogement, ce qui, compte tenu
des insuffisances criantes des offres que font apparaître
ces comptes, suscite de telles lenteurs que cela en est
décourageant ou crée des problèmes
de squats comme celui de la rue des Phocéens dont
je parlais tout à l’heure.
Monsieur le Maire, notre appel répété
apparaît cruellement véridique et vérifié
dans ces comptes rendus d’activité. J’ai
eu l’occasion de dire que nous apprécions les
aménagements que vous aviez réalisés
depuis quelques mois dans la politique mise en œuvre.
Peut-être aurons-nous le plaisir (je le souhaite)
de voter les comptes rendus d’activité 2003
et peut-être même 2002 ?
Mais pour ceux que vous nous présentez aujourd’hui,
le groupe Convention Citoyenne préfère s’abstenir.
Mme
Servant
Monsieur le Maire, mes chers collègues, lors de chaque
séance du Conseil municipal, lorsque nous présentons
ces constats, M. Sanmarco évoque le problème
du logement social, notamment les problèmes de Marseille
Aménagement sur les P.R.I. Il s’agit effectivement
d’opérations coûteuses et délicates.
Aujourd’hui, Monsieur Sanmarco, comme vous l’avez
dit tout à l’heure, nous sommes effectivement
au milieu du gué. Monsieur le Maire, je comptais
formuler la même demande que celle que j’ai
faite pour le logement social. D’ailleurs, samedi,
lors de la réunion de la Confédération,
vous avez abondé dans ce sens. À savoir que,
aujourd’hui, toutes les opérations menées
sur les P.R.I., quels qu’ils soient, ont été
reprises par les services les unes après les autres.
Nous avons pu voir défiler, au fil des années,
leur évolution. Dans le premier trimestre 2003, nous
pourrons, Monsieur le Maire, si vous le souhaitez, organiser
une réunion dans laquelle chaque représentant
de groupe sera présent et au cours de laquelle nous
pourrons évoquer ce problème en toute transparence.
Sur le P.R.I. Panier, je compte quand même soulever,
Monsieur le Maire, ce que vous avez souhaité et ce
que nous sommes en train de réaliser : l’îlot
Abadie, ce marchand de sommeil dont j’entends parler
depuis des années. Je suis là depuis 1995
et j’en entends toujours parler. Vous avez été
le seul à vous pencher sur ce problème et
à demander, par l’intermédiaire de votre
SEM Marseille Aménagement, de devenir propriétaire
de cet îlot Abadie ; ce qui sera fait le 15 janvier,
jour de la signature.
Des relogements sont donc prévus. Nous sommes déjà
en train de travailler avec des organismes sociaux, avec
les contingents Ville et les contingents Préfecture,
de façon que lorsque la signature sera apposée,
Monsieur le Maire, ce ne soit pas vous que l’on traite
de marchand de sommeil. Les relogements seront à
peu près tous acquis.
Quant au centre ville, la Sonacotra reprend deux opérations
pour en faire du logement social. Des logements tiroirs
sont en train d’être faits. Nous travaillons
en concertation avec la Préfecture et la D.D.E
Monsieur le Maire, si tout n’est pas parfait nous
avons quand même le mérite de nous y attacher
et d’essayer de faire le mieux possible. (Applaudissements
sur les bancs de la Majorité.)
M.
Blum
Monsieur le Maire, mes chers collègues, je trouve
que M. Sanmarco ne manque pas d’audace, sur la forme
et sur le fond.
Sur la forme, les comptes rendus d’activité
aux collectivités locales ont bien été
introduits par votre municipalité, Monsieur le Maire
! Pendant toute l’époque précédente,
il y avait peu ou pas de comptes rendus. C’est nous
qui les avons introduits. Il se peut qu’il y ait effectivement
une année de retard. Néanmoins, ces comptes
rendus ont aujourd’hui le mérite d’exister,
de faire le point et de vous donner l’occasion —
ce qui est normal — de faire part de vos observations
et de vos critiques.
Sur le fond, Monsieur Sanmarco, vous avez occupé
des fonctions importantes dans cette ville pendant très
longtemps et pendant de longues années. Je dois dire
que la façon dont le centre ville a été
géré durant toute cette période et
l’héritage que vous nous avez laissé
est plutôt pitoyable. Il ne me semble donc pas que
vous soyez particulièrement bien placé aujourd’hui
pour nous adresser les reproches que vous nous avez faits.
Il fallait bien sûr sortir de cette situation. Pour
sortir de cette situation, il est impossible de faire uniquement
appel à des fonds publics, ce qui explique que Marseille
Aménagement a utilisé à plein les dispositifs
légaux (à savoir la loi Malraux) en faisant
appel à des investisseurs privés. En matière
d’équipements, il faut aussi faire appel à
des fonds publics.
Aujourd’hui, lorsqu’on compare le coût
des P.R.I. du centre ville au coût des ZAC menées
par d’autres municipalités (je pense notamment
à la ZAC. Sainte-Barbe) si l’on ramène
le coût au mètre carré ou le coût
au logement, on constate que l’investissement public
fait par la municipalité est nettement inférieur
à celui fait à cette époque-là.
J’aborderai enfin l’éternel problème
des relogements. Vous savez très bien que ces relogements
sont une obligation légale. Nous nous soumettons
à cette obligation légale. Une partie des
relogements est faite sur place, une autre partie se fait
ailleurs car, souvent, les propositions que nous faisons
aux personnes qui doivent quitter les lieux ne les satisfont
pas et elles vont donc dans d’autres arrondissements
de Marseille.
Mme Servant vous a donné, à ce sujet, un certain
nombre de précisions. Que l’on ne nous dise
pas que nous ne respectons pas la loi. Si nous ne la respections
pas, il y a suffisamment d’avocats (et d’avocats
qui sont vos amis) qui nous feraient les procédures
qui pourraient s’imposer. (Applaudissements sur les
bancs de la Majorité.)
- Le
rapport 02/1 284/EHCV mis aux voix par M. le Maire est
adopté à l’unanimité, les Groupes
socialistes et apparentés, communiste et partenaires,
les élus Convention citoyenne s’abstenant.
- Le
rapport 02/1 285/EHCV mis aux voix par M. le Maire est
adopté à l’unanimité, les Groupes
socialistes et apparentés, communiste et partenaires,
les élus Convention citoyenne s’abstenant.
-
Le rapport 02/1 286/EHCV mis aux voix par M. le Maire
est adopté à l’unanimité, les
Groupes socialistes et apparentés, communiste et
partenaires, les élus Convention citoyenne s’abstenant.
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