Conseil
municipal du 18 juillet 2003
Schéma directeur des espaces publics du centre ville
: l'omniprésence de la voiture entraine la dégradation
des espaces publics
Intervention
de Philippe Sanmarco
Monsieur le Maire, mes chers collègues, c'est sans
surprise que la présentation d'un Schéma directeur
des espaces publics du Centre Ville soulève entre
nous un débat qui doit tendre à plus de sérénité
dans l'approche d'un problème qui nous préoccupe
tous.
1-
Votre
rapport lui-même est assez court, il tiendrait sur
une page. Mais il dit pourtant l'essentiel car il re-situe
cette étude dans la longue liste des travaux que
vous avez déjà produite. Je cite : en 1997,
le schéma de cohérence, avec en particulier
le rôle du centre ville. Tout y était dit,
en termes d'intentions. Il n'y avait pas grand-chose à
rajouter. Puis, en 2000, le plan de déplacements
urbains, où déjà le
partage de l'espace public, c'est-à-dire la restriction
drastique de l'espace laissé aux automobiles,
était fixé comme une priorité. Enfin,
la délibération lançant ce schéma
directeur des espaces publics, celui qui nous est présenté
aujourd'hui, date de février 2000, c'est-à-dire
il y a plus de deux ans. Et dans cette délibération,
il était déjà dit très clairement
: "la
priorité des espaces publics est l'objectif d'une
émergence d'une culture partagée dans la gestion
de ces espaces publics".
Et aujourd'hui ce document répète les mêmes
choses. C'est donc forcément avec un peu de déception
que nous voyons le résultat de ces travaux. Même
pas trente pages, et encore sur des pages simples, y compris
les sommaires et les photographies. Avec des rappels sur
lesquels nous sommes tous d'accord depuis des années
en particulier l'omniprésence
de la voiture d'où vient la dégradation des
espaces publics, le manque de soin,
le manque d'entretien de ceux-ci, les conflits permanents,
l'épreuve quotidienne qu'est l'utilisation du centre
ville par les habitants et les piétons, tout ceci
au détriment de tous les espaces de déambulation
ou de flânerie, qui sont pourtant une fonction majeure
d'un centre ville.
Ce document, cédant à la mode de la communication,
décrit en termes de publicité quatre villes
avec quatre fonctions correspondant à quatre publics
différents : les résidants, les actifs, les
visiteurs et enfin ceux qui viennent pour les grandes manifestations.
Rien là d'original. Et pour chacune de ces quatre
villes, on nous propose des solutions passe-partout, banales,
avec des mots standards. J'espère que l'on ne les
retrouvera pas dans des schémas directeurs d'autres
villes tant il suffirait de changer simplement le mot de
Marseille. C'est du copier-coller de n'importe quelle étude
faite n'importe où.
Nous sommes donc déçus, Monsieur le Maire
! On aurait pu éviter de perdre tant de temps ! Vous
auriez confié cette tâche à quelques-uns
d'entre nous, vous l'auriez eu en deux mois et c'était
gratuit ! Au lieu de cela, nous avons une espèce
d'almanach Vermot qui hésite entre la note de service
interne et
la vague déclaration d'intention
à laquelle nous souscrivons tous, mais qui nous laisse
sur notre faim puisque
ces intentions ayant été exprimées
il y a des années, nous voulons maintenant des actes.
2-
Or,
sauf à vouloir se faire mal à soi-même,
nous n'avons pas vu l'intérêt du document que
vous nous présentez aujourd'hui, car le
tableau que décrit ce schéma est l'exact contraire
de ce que nous connaissons quotidiennement, et qui s'aggrave
malheureusement, je veux parler de la régression
de la gestion des espaces publics dans le centre ville de
Marseille.
Certes, vous avez lancé des chantiers pour de grandes
infrastructures. Mais, Monsieur le Maire, la
dégradation des espaces publics, est essentiellement
due à l'envahissement quotidien du centre par des
milliers d'automobilistes venant de l'extérieur de
Marseille pour en repartir le soir.
Et cela, aucune infrastructure routière, autoroutière
ni aucun tunnel, (seuls chantiers en cours actuellement)
ne le réglera jamais. Au contraire ces réalisations
ne feront qu'aggraver la situation. Or, ces milliers d'automobilistes
qu'on laisse rentrer sans leur offrir aucune alternative
sérieuse, se trouvent devant l'impossibilité
physique absolue de stationner dans
cette ville. Ils sont donc contraints
à une indiscipline obligée.
Disons-le franchement, cette indiscipline est plus que tolérée
par tous les pouvoirs publics, et je ne parle pas de la
municipalité seule mais aussi de la police d'État.
Cette indiscipline est évidemment subie par les habitants
du centre ville. En outre l'ensemble des services publics,
municipaux et autres, est comme submergés et dépassés
par cette vague quotidienne.
De là résulte l'indiscipline générale
de nos concitoyens, car pourquoi respecter
quelque chose qui est sale, qui est dégradé
?
Or, ce problème central, celui de l'envahissement
quotidien des véhicules de personnes résidant
hors Marseille, n'a pas sa solution dans aucune des infrastructures
que vous nous annoncez pour les années à venir.
Et ce n'est ni la prolongation du métro, ni le tramway,
utiles quand on est déjà à l'intérieur
de Marseille, qui répondront aux besoins des milliers
de gens venant quotidiennement de l'extérieur de
Marseille.
Ce
problème central appelle la création urgente
de grands parkings en périphérie
et certainement pas en centre ville. Pour ces non-résidents,
il faut d'urgence des grands parkings en périphérie,
gardés vingt-quatre heures sur vingt-quatre, trois
cent soixante-cinq jours par an et accessibles au prix à
peu près d'un ticket de
liaison avec les transports en commun.
C'est là le deuxième volet de cette réponse
d'urgence : un transport en commun fiable, confortable,
dont les couloirs de bus sont protégés, avec
des dispositifs de vidéosurveillance pour sanctionner
en temps réel les violations systématiques
faites au détriment des usagers des transports en
commun.
Grands parkings périphériques reliés
de manière fréquente et régulière
au réseau des bus circulant en site propre et protégé,
telle est la seule mesure pour les automobilistes qui permettrait
de rendre au centre ville des espaces publics de qualité.
Ces mesures simples peuvent être réalisées
à peu de frais en très peu de temps, en quelques
mois. Elles permettraient d'attendre la réalisation
des
infrastructures ferroviaires reliant
Marseille à Aix, à Aubagne, à Marignane,
qui elles sont coûteuses. Encore faudrait-il les déclarer
prioritaires et en commencer vraiment la réalisation
au lieu de se payer de mots comme actuellement. Tout le
reste n'est qu'artifice et poudre aux yeux.
3-
Indépendamment de ces réponses structurelles
au problème de la dégradation des espaces
publics, vous citez au travers de votre rapport
des endroits clés de Marseille,
sur lesquels, Monsieur le Maire,
nous ne comprenons pas votre inertie.
Pourquoi toujours attendre les lendemains qui chantent,
pour ne pas agir immédiatement ? Pourquoi s'abriter
derrières de grands projets à venir pour ne
rien faire dans l'immédiat ? À moins d'être
sourd et aveugle, comment tolérer cette dégradation
? Je vous donne quelques exemples simples sur lesquels les
Marseillais vous posent des questions tous les jours, des
exemples de leurs problèmes quotidiens dont le règlement
ne dépend pas de grands travaux mais d'une bonne
gestion de proximité.
Le
quai de Rive Neuve : pourquoi doit-on
marcher dans le caniveau du quai de Rive Neuve pour aller
à la Criée, au Badaboum Théâtre
ou au Théâtre du Rire ?
M.
Chenoz.-
Parce que c'est toi qui l'as fait !
Monsieur
Sanmarco.- Comme
c'est intelligent ! Voilà une contribution qui n'honore
pas son auteur. On voit peut-être ainsi se manifester
quelqu'un qui se sent touché ! On mesure en tout
cas la sérénité du débat avec
certains.
Monsieur le Maire, je vous demande de mesurer la difficulté
dans laquelle se trouvent les touristes ou les personnes
qui vont du Vieux Port au Sofitel : si jamais ils doivent
le faire avec des bagages, cela tourne à l'expédition.
Regardez les simplement, ils ne vont pas admirer la beauté
du Vieux Port, ils vont se concentrer sur leurs pieds entre
les saletés, les ordures, les bordurettes, les voitures
quelquefois enchevêtrées, les deux roues sur
les trottoirs et quant à savoir où l'on va
traverser, c'est impossible ou très dangereux ! Pourquoi
tolérer cela ?
Enfin, toujours sur ce quai de Rive Neuve, pourquoi tous
les jeudis soir, vendredis soir, samedis soir, le stationnement
illégal prend-il une proportion invraisemblable ?
Ce ne sont plus des doubles files, ce sont des triples files,
voire des quadruples files, ce qui fait qu'il n'y a plus
qu'une seule file pour les deux sens. Vous êtes ainsi
exposés à de graves risques en cas d'incendies
ou de problèmes sanitaires urgents. Pourquoi tolérer
ce chaos, cette jungle, dans laquelle triomphe bien sûr
les plus forts, je veux dire les 4X4, dans l'impunité
la plus totale ?
Vous parlez dans votre rapport de
l'abbaye de Saint-Victor, qui est en
effet un des endroits majeurs de cette ville ? Mais pourquoi
tolérez-vous la situation actuelle ? L'autre jour,
nous étions nombreux aux obsèques de notre
ami François Proto. Chacun a pu constater les difficultés
à sortir le cercueil du corbillard. Parce que de
part et d'autre de la chaussée, les voitures sont
en stationnement illégal ! Ce ne sont pas les infrastructures
prévues dans les années à venir qui
vont régler ce problème : c'est
l'indiscipline, aujourd'hui, sur laquelle il faut agir !
Ne parlons pas de la jeune mariée qui arrive avec
sa robe blanche et qui doit se faufiler entre les pare-chocs
! Je vous parle de ce que vivent les Marseillais. Ce sur
quoi ils attendent des solutions aujourd'hui, pas demain
!
Ne parlons pas de la tristesse de la
Canebière, de la porte d'Aix, où il vaut mieux
ne pas aller, du Cours Pierre Puget massacré, de
la place du palais de Justice abandonnée aux clochards,
de la Cathédrale où il est périlleux
de se rendre, etc. Aucun espace public
du centre ville n'échappe à ce constat sinistre,
celui d'un saccage généralisé, d'un
abandon incompréhensible.
Vous nous présentez donc un beau schéma pour
les espaces publics remplis de bonnes intentions alors que
vous ne vous attaquez pas aux causes et que vous laissez
l'indiscipline régner souverainement. Comment s'étonner
du résultat ?
4-
Pour terminer, Monsieur le Maire, le document que vous nous
présentez rappelle un devoir évident pour
toute ville, celui qui consiste à répondre
aux besoins des résidants, des actifs, des visiteurs
et de ceux qui viennent pour les grandes manifestations.
Certes, cette quatrième catégorie a fait l'objet
d'efforts considérables de cette Municipalité,
où vous avez développé un vrai savoir-faire
pour ces grandes manifestations qui n'existaient pas, et
vous y avez mis les moyens. Mais, Monsieur le Maire, les
autres fonctions, celles qui ont trait aux résidants,
aux actifs et aux visiteurs, sont également très
importantes et elles ne devraient pas être négligées.
Pour confirmer mes propos je prends l'exemple d'un document
– c'est le hasard de l'actualité – de
l'Union Patronale des Bouches-du-Rhône, sous la signature
de M. Louis Aloccio, et qui dit ce
que veulent les entreprises. C'est très
intéressant. Ne croyez pas que les entreprises vous
demandent des actions en faveur des entreprises, de leur
compte d'exploitation, de leur bilan, de leurs charges.
Que demandent-elles sous la plume de M. Aloccio ? Elles
disent : ce que nous voulons d'abord, et très largement
en tête, c'est le cadre de vie. Et elles déplorent
les faiblesses qui sont citées en tête : l'accessibilité
au lieu de travail, la circulation, le stationnement, le
transport en commun largement en tête des faiblesses,
suivi de manière très rapprochée par
la sécurité et la propreté. Toutes
choses qui dépendent de vous. Les
attentes les plus importantes des chefs d'entreprise, ce
sont les transports publics, la circulation, le stationnement,
la qualité de la vie, la sécurité et
la propreté.
Voilà,
Monsieur le Maire, je ne mets pas en question votre volonté
à mettre en œuvre de grandes infrastructures
mais votre capacité à gérer le quotidien.
C'est un mal ancien qui s'aggrave malheureusement, et qui
fait que la pertinence de l'action menée par ailleurs
en est remise en cause.
J'ai le sentiment aujourd'hui d'avoir dit des choses simples.
Au lieu de cela, comme on vient de le voir au cours de ce
débat, nous sommes souvent confrontés au refus
de l'information, au refus de communiquer, au sourire goguenard
de celui qui se croit intelligent en faisant comprendre
qu'il a l'information et qu'il ne dira rien. Il faut même
de temps en temps, et justement sur les études d'aménagements
des espaces en centre ville en arriver à la menace
de la saisine de la Commission d'accès aux documents
administratifs. Bien évidemment, quand on en est
là, vous donnez les instructions pour que ces malheureux
incidents soient réglés, et je vous en remercie
mais quel état d'esprit chez certains autour de vous
!
Pourquoi ne pas traiter ces questions autrement ? Pourquoi
ne pas créer des instances consultatives ou d'information
? Vous avez réussi à le faire en confiant
une mission de ce type à Mme Servant sur un sujet
autrement conflictuel, celui du logement dans le centre
ville. Cela a fonctionné à la satisfaction
de tout le monde, sans chausse-trape, sans piège.
Pourquoi ne pas créer un groupe de travail qui nous
réunisse sous votre autorité, celle de votre
adjoint, avec les élus et les fonctionnaires concernés,
afin que tous les mois, tous les trimestres, nous fassions
un point public, puisque, au fond, les objectifs qui sont
tracés dans ce schéma, nous les partageons
tous ? Pourquoi ne pas baliser le temps qui passe et voir
pourquoi un certain nombre de choses simples sur lesquelles
nos concitoyens nous attendent ne sont pas réglées
? Pourquoi cette incapacité à répondre
aux problèmes du quotidien. La dégradation
des espaces publics est constante. La situation s'aggrave.
Pourquoi continuer ainsi ? Attendrons-nous passivement le
prochain rapport qui nous annoncera encore des temps meilleurs
? Nous vous proposons une autre voie, dans laquelle chacun
prend ses responsabilités.
Je vous remercie de votre attention.
Cité
Bellevue, Kallisté, les Rosiers, Maison Blanche…
: "Il faut de vrais moyens pour les copropriétés
dégradées !"
Intervention
de Tahar Rahmani
Direction générale de l'urbanisme et de l'habitat
- direction de l'habitat et du logement - service développement
et rénovation de l'habitatPlan de sauvegarde de la
copropriété Parc Bellevue
Subvention au syndicat général des copropriétaires
- Projet de scission.
Tahar
Rahmani.- Je vais vous parler de quatre dossiers
pour le prix d'un !
Monsieur
le Maire.- c'est bien, comme vous n'êtes
que trois cela ne fait pas un temps de parole trop important,
mais n'abusez pas de notre gentillesse !
Tahar
Rahmani.- Quatre rapports pour le prix d'un, c'est
un bon prix !
J'interviens donc sur les rapports du n° 85 au n°
87, puis le n° 88 dont on vient de parler, sur la cité
des Créneaux. Cela concerne à la fois les
propriétés dégradées et l'opération
de démolition reconstruction de la cité des
Créneaux.
Commençons donc par la cité Bellevue,
qui est une copropriété qu'il est inutile
de présenter car, hélas, tout le monde la
connaît. Il y a quelques mois de cela, Monsieur le
Maire, vous avez lancé, en compagnie du Ministre
de la Ville, M. Borloo, la première opération
de reconstruction de cette copropriété dégradée.
L'opération est certes modeste, Monsieur le Maire,
mais elle a le mérite de mettre le doigt sur l'une
des multiples plaies ouvertes existant à Marseille
sur les copropriétés. Ce n'est malheureusement
pas ce qui manque et les dérives urbanistiques de
ces trente dernières années sont là
pour le confirmer, à Kallisté, aux Rosiers,
au Mail, à Maison Blanche, j'en passe et des meilleures.
Il se trouve qu'actuellement le projet de loi d'orientation
et de programmation pour la Ville et la rénovation
urbaine est en discussion à l'Assemblée Nationale.
Ainsi, sera posé – je l'espère en tout
cas – le principe général d'équité
territoriale qui devient un impératif national, et
le précédent Ministre avait commencé
d'ailleurs à l'initier. Ainsi également que
la mobilisation des services de droit commun qui devrait
être amplifiée et rompre enfin avec les situations
d'exclusion et de pauvreté.
L'effort porté sur les copropriétés
dégradées en déshérence va,
avec la mobilisation de tous, permettre de retrouver le
chemin d'une gestion patrimoniale saine, si les moyens annoncés
sont au rendez-vous. Et c'est là précisément,
Monsieur le Maire, que j'attire votre attention.
Le pouvoir finalement dont vous disposez est assez théorique,
car quelle sera votre capacité financière
pour agir sur l'ensemble de ce parc privé ? Car si
l'on commence par Bellevue, il faudra bien également
que l'on s'intéresse aux autres ! On le voit bien
sur ce modeste dossier : 74 logements sont en jeu, une augmentation
de 850 K€ par rapport au prévisionnel, portant
ainsi à quelque 5 m€ la participation de la
Ville pour la seule copropriété Bellevue et
ses 74 logements.
Aucune volonté politique, Monsieur le Maire, ne peut
suffire seule à faire aboutir un projet, car cela
requiert des moyens pour sa réalisation, et qu'ils
soient disponibles au bon moment et au bon endroit. Alors
comment aller plus loin avec de faibles ressources municipales,
les bailleurs sociaux qui demanderont plus – et c'est
normal – et devant l'immensité de la tâche
?
De plus, le transfert de compétences annoncé
par le Gouvernement aggravera encore plus les choses, car
nous ne serons plus en mesure de payer
–entre guillemets – le "ticket modérateur"
exigé pour contractualiser avec l'État, si
celui-ci ne définit pas clairement ses règles
financières. Et, là, Monsieur le Maire, j'allais
dire Monsieur le Vice-Président du Sénat,
votre rôle de Parlementaire éminent vous permet
peut-être de faire évoluer les choses.
Il faut, à notre avis, une réforme des clés
de répartition des finances locales et je veux parler
de la DGF et de la DSU. Parlez-en donc à votre Secrétaire
Général, je pense qu'il ira dans le même
sens. On ne peut en effet afficher les ambitions –
et Dieu sait si celles-ci sont importantes – quand
on renonce à en prévoir les moyens justes.
Sur l'intervention de la Municipalité sur les copropriétés
dégradées, il nous semble qu'il y a nécessité
absolue à avoir une démarche de prévention
des dégradations et de recours au judiciaire. Nombreux
sont les syndics défaillants profiteurs, les impayés
de charges, la lutte sans merci contre les marchands de
sommeil, les ventes judiciaires.
Enfin, il faudrait, par exemple, que des missions copropriété
puissent se mettre en place dans le cadre du GPV, avec l'appui
des moyens consacrés à l'amélioration
urbaine, ceci en liaison avec les syndics de copropriété
; aider à élaborer et négocier des
conventions de redressement. Je l'ai vu, il y a quelque
temps, en compagnie d'ailleurs de M. Borloo à Clichy-sous-Bois,
et le travail qui est fait là sur les copropriétés
est assez remarquable.
Pour terminer, quelques mots sur les démolitions
reconstructions. M. Dutoit vient d'en parler et, là,
Monsieur le Maire, nombreux également sont les exemples
de démolition reconstruction conçus ou menés
isolément, indépendamment d'un projet d'ensemble
visant la requalification urbaine, économique et
sociale du quartier. Et il me semble que c'est bien là
le cas de la cité des Créneaux, située
entre un cimetière et une zone industrielle.
Si l'on ne va pas au fond des choses, les démolitions
apparaîtront vite comme un alibi illusoire, coûteux
pour les finances locales et perturbant pour les populations.
Toute opération de ce type implique obligatoirement
la prise en compte des enjeux de l'habitat, bien entendu,
mais également du social et de l'économique.
De plus, bien au contraire, cela sera interprété
comme un refus de traiter en profondeur les fractures sociales
et territoriales. À cet égard, nous plaidons
pour que la décentralisation des politiques d'habitat
et de logement soit à l'échelle de l'agglomération,
car seule cette échelle pertinente rassemble les
Communes censées travailler ensemble.
En outre, les démolitions seules, et on le sait parfaitement
avec les expériences vécues, ne permettent
pas le renouvellement de la population. Et la fameuse mixité
sociale ne serait alors qu'une illusion de plus.
À l'avenir, Monsieur le Maire, nous vous suggérons
de suspendre votre accord et votre participation si tel
était le cas. Malheureusement, pour ce qui concerne
les Créneaux en tout cas, c'est sans doute déjà
le cas, mais il n'est jamais trop tard pour bien faire.
Je vous remercie. J'espère que j'ai été
relativement court et nous attendons quelques réponses
sur un dossier qui nous semble particulièrement important,
qui est celui des copropriétés dégradées.
Monsieur
le Maire.- Je vous fais observer, M. Tahar Rahmani,
que nous nous sommes préoccupés de ce sujet
des copropriétés dégradées dès
que nous sommes arrivés, en 1995 ou en 1996. Ayant
exercé des fonctions ministérielles à
l'aménagement du territoire et à la Ville
et à l'intégration, pendant un certain nombre
de mois, j'ai vu des copropriétés dégradées
dans l'ensemble du pays. Je n'ai rien vu de pire que Bellevue.
C'est nous qui avons le pompon, le fleuron ! Même
lorsque l'on m'a mené en région parisienne
ou dans d'autres régions de France, je n'ai rien
vu d'aussi hideux que Bellevue ! C'est la raison pour laquelle,
et bien qu'à l'époque l'opposition me contestât
ce droit, nous sommes intervenus dans une copropriété
privée et nous avons pris cette décision !
Nous avons été la première municipalité
de France à le faire !
Depuis lors, l'évolution des choses s'est faite,
il y a une loi qui va être présentée
par M. Borloo, qui est lui-même déjà
venu à deux reprises dans cette ville, sans trop
de tambours ni de trompettes, à sa méthode
à lui – c'est un homme très près
de la proximité, très près du peuple
–, et il a notamment donné le signal de la
destruction d'un certain nombre d'appartements à
Bellevue, nous l'avons fait ensemble. Donc, nous allons
continuer sur cet aspect des choses et prendre un certain
nombre de décisions.
Oui mais alors, justement, ce n'est pas l'exemple que j'aurais
voulu que vous preniez parce que s'il est un endroit –
je parle sous le contrôle de M. Bernard Susini, qui
connaît ces problèmes mieux que moi –
où justement il y a accord – et c'est très
rare – entre l'État, le Conseil Général,
le Conseil régional et la Ville, c'est sur celui
de la politique urbaine. Alors, n'allons pas provoquer une
tension supplémentaire dans ce domaine ! C'est l'exception
qui confirme la règle. Je ne suis pas sûr que
de temps à autre, quand il s'agit de nommer tel ou
tel animateur dans ces cités, il n'y ait pas encore
blocage parce ce que, là, il faut une autorisation
et que, quelquefois, il y a un nihil obstat, étant
donné que dans le vaisseau bleu on parle le latin
très couramment. Donc, bien évidemment, même
cela est regardé dans le détail.
Alors, M. Tahar Rahmani, pour une fois que cela marche,
n'allons pas bouleverser les choses et attendons de voir
ce qu'il sortira de la loi de M. Borloo. Elle doit arriver
ces jours-ci au Parlement, avant les vacances. Donc, attendez
! Pas tout à la fois, on verra après. Mes
amis ont la majorité pour cinq ans et moi, aussi,
d'ailleurs avec eux !
Le
rapport 03/0772/EHCV mis aux voix par Monsieur le Maire
est adopté à l'unanimité,
le Groupe MNR s'abstenant. |