Contribution de Damien Brochier
(10/2005)
Marseille :
La réussite du projet Euroméditerranée
passe par le dialogue
Au mois d’avril 2005, a été engagée
une procédure de concertation préalable à
la création de la ZAC de la Cité de la Méditerranée
et de ses trois pôles : le J4, le Boulevard du
Littoral, Arenc. Cette concertation largement diffusée
auprès des Marseillais a porté ses fruits.
Elle a fait l’objet d’un bilan public le jeudi
26 mai 2005 dans l’amphithéâtre
de la bibliothèque de l’Alcazar en présence
notamment de Messieurs Gaudin, Muselier, Jalinot et Lion.
Pour
la Convention Citoyenne, trois axes principaux sont à
retenir.
1.
La création d’une structure permanente d’information
et de concertation avec la population. On peut se demander
si le succès de la concertation ne serait pas total
avec la mise en place d’une concertation « en
continu ». En effet, de quelle manière
les citoyens seront-ils tenus informés de la prise
en compte des différentes remarques, critiques ou
propositions d’amélioration qu’ils ont
formulées ? Certes, des procédures d’enquêtes
d’utilité publique auront lieu, mais il apparaît
opportun que le déroulement futur des opérations
d’aménagement de la Cité de la Méditerranée
(prévus jusqu’en 2012) s’accompagne de
la création d’une structure permanente d’information
et de concertation avec la population. Celle-ci pourrait
prendre la forme de rencontres-débats ou de réunions
techniques, organisées régulièrement,
au cours desquelles les concepteurs et les aménageurs
de la Cité de la Méditerranée pourraient
expliquer en détail la nature de leurs choix, et
surtout justifier des contraintes les amenant à devoir
éventuellement modifier certains éléments
de leur projet initial. C’est ce qu’a exprimé
Madame Cordier, Présidente de la Confédération
Générale des CIQ de Marseille, à la
fin de la réunion de concertation le 26 mai
dernier : « Une telle proposition permettrait
de diminuer le risque non négligeable de déception
que peut provoquer la réalisation finale d’un
projet qui ne correspond pas à ce qui avait été
initialement prévu et montré au public dans
une exposition publique plusieurs années auparavant ».
Une concertation « en continu » contribuerait
à sortir d’une vision de la vie publique marseillaise
qui fait s’opposer systématiquement l’intérêt
général à une somme d’intérêts
particuliers et inciterait les habitants, salariés,
commerçants, associations, entreprises, etc. à
s’approprier progressivement les enjeux et les contraintes
de l’aménagement des projets en cours.
2.
Des modes de déplacements alternatifs adaptés
à tous. L’enjeu décisif consiste à
créer une véritable alternative à l’emprise
de la voiture, que ce soit pour accéder à
la zone ou pour s’y déplacer. Le déplacement
selon d’autres modes induit des choix clairs et des
solutions diverses afin de prendre en compte tous les
types d’usagers de la zone qu’ils soient résidents,
semi-résidents (salariés, étudiants),
professionnels (entreprises, commerçants, espaces
culturels) ou personnes de passage (touristes, passagers
des ferries, usagers des spectacles, clients des grandes
surfaces, etc.) et de les inciter à modifier leur
comportement de façon durable :
- Enterrement
des voies de circulation : passerelle du boulevard
de Dunkerque, tunnel de la Major, A55
- Création
de nombreux parkings payants
- Développement
des transports en commun : TER, métro, tramway,
bus
- Instauration
de mini-transports en communs propres à la zone :
des minibus, un petit train, une mini-navette maritime
(du J4 jusqu’à Arenc, avec arrêt à
la Joliette et sur la digue du large)
- Aménagement
de cheminements sécurisés à usage
exclusif pour les piétons
- Construction
de pistes cyclables pour permettre le développement
de modes doux de déplacement (vélos, rollers,
trottinettes, etc..)
- Dissémination
de petits ou moyens espaces verts
- Aménagement
de nouvelles places et esplanades (Saint Jean, La Major)
et réglementation de la surface occupée
par les terrasses des bars restaurants
- Création
de nouveaux points de vue « Est Ouest »
sur la zone couverte par la Cité de la Méditerranée.
(Terrasse du Fort Saint Jean, esplanade de la Major, Silo,
etc.)
3.
Une gestion des équipements publics intégrée
à la vie locale. Un certain nombre d’équipements
publics existants ou prévus dans le quartier devraient
être conçus pour un usage qui déborde
le seul cadre de leurs usagers habituels. L’exemple
le plus clair est celui du futur collège qui s’implante
au cœur d’Euroméditerranée, juste
derrière les nombreux bureaux du quartier des Docks.
On pourrait imaginer que son plateau sportif soit en partie
ouvert aux habitants ou aux salariés du quartier,
dans des limites qui soient bien sûr compatibles avec
le respect des activités sportives des élèves.
De même, des équipements comme ceux des archives
départementales ou du Fort Saint Jean devraient pouvoir
permettre aux associations locales ou aux habitants de pouvoir
y organiser des expositions ou des réunions. L’enjeu
est simple : il s’agit de concevoir une gestion
des équipements publics qui ne soit pas tournée
uniquement ou essentiellement vers des personnes extérieures
au quartier, mais qui soit conçue plutôt comme
participant à part entière de la vie locale.
Eléments
de réflexion extraits de la contribution de Damien
BROCHIER, chargé d’études au Centre
d’études et de recherches sur les qualifications
(Céreq, les Docks de la Joliette), 2005.
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