15/12/2002
Pour
une altermondialisation citoyenne, face à la globalisation
capitaliste
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Depuis
quelques années, les mobilisations
citoyennes et sociales se multiplient contre « la
mondialisation libérale ».
Par facilité ou malveillance, beaucoup de commentateurs
qualifient ces mouvements d’anti-mondialisation, ce
qui sous tend deux critiques essentielles : d’une
part, ces mouvements seraient essentiellement des mouvements
d’opposition, incapables de formuler des propositions
positives ; d’autre part, ils seraient partisans d’un
haut de page en arrière, cherchant à restaurer
les anciennes souverainetés nationales. En bref,
ces mouvements seraient essentiellement négatifs,
réactionnaires et nationalistes (ou du moins anti-internationalistes).
Bien entendu, dans un tel mouvement émergent, dont
un caractère essentiel est le foisonnement et donc
la diversité des initiatives, il n’est pas
douteux qu’on puisse trouver çà et là
quelques traces de l’une ou de l’autre de ces
caractéristiques désagréables ; de
surcroît, les premières manifestations ont
souvent pris la forme d’une résistance contre
les risques présentés par de nouvelles initiatives
de dérégulation (contre l’AMI ou les
OGM), ce qui a pu en accentuer la dimension strictement
oppositionnelle ; enfin, son élargissement continuel
repose nécessairement sur son pluralisme et d’inévitables
contradictions entre des cultures, à dominante oppositionnelle,
transformatrice ou réformiste. Mais, il semble précisément
que, de façon de plus en plus nette, d’un «
rendez-vous » à l’autre, s’impose
une approche positive, que résume le slogan "pour
un autre monde", ainsi que le succès récent
du néologisme "altermondialisation".
Encore faut-il qualifier cet autre monde auquel on aspire,
tant il est vrai qu’il en est sûrement plus
de deux qui soient concevables. Il nous semble que c’est
en le définissant comme un mouvement « pour
une altermondialisation citoyenne » qu’on peut
ouvrir la perspective la plus riche, compte tenu du fait
que cela signifie pour nous qu’il s’agit par
là-même d’un mouvement tout à
la fois social, écologiste, féministe et culturel.
Ce mouvement mérite, en effet,
d’être qualifié de citoyen
pour deux grandes sortes de raisons complémentaires
: la première est qu’il émane de femmes
et d’hommes, qui ne revendiquent pour s’y engager
qu’une seule légitimité essentielle,
celle de qui est leur appartenance à la cité,
ce qui fait qu’un tel mouvement se décline,
sans hiérarchie, dans des dimensions aussi bien planétaires
(à Porto Alegre), que continentales (en Europe, comme
sur les autres continents), nationales, régionales
ou locales. Mouvement citoyen aussi, parce qu’il ne
veut pas d’un monde barbare régi par les rapports
de force, où l’avis et la vie de chacun sont
au mieux pondérés par l’épaisseur
de leur compte en banque, qui est « la démocratie
» concrète des marchés et des bourses.
La seconde raison de qualifier ce mouvement de citoyen tient
à ce qu’il se mobilise pour un monde civilisé,
où les relations humaines sont régulées
par des règles de droit, où, par conséquent,
l’adoption et la mise en œuvre des normes collectives
passent par la démocratie et le pluralisme, et où
finalement le progrès collectif se concrétise
par la conquête de nouveaux droits et la mise en oeuvre
de nouveaux contenus politiques émancipateurs.
Entamer la discussion générale d’un
ensemble, évidemment incomplet, mais significatif,
de revendications et de propositions citoyennes, pour une
altermondialisation citoyenne, nous paraît donc de
la plus grande urgence et ce texte du Forum de la Gauche
Citoyenne* est une contribution parmi bien d’autres
à cet immense chantier. Évidemment marqué
par le moment de son écriture (menaces bellicistes
de Bush, haut de page de Johannesburg, succès de
Florence), il fait de la question de la légitimité
de la guerre, des conditions concrètes permettant
d’assumer un véritable développement
durable et équitable, et de la convergence des mobilisations
citoyennes, trois pierres de touche de cet « autre
monde », qui serait enfin véritablement civilisé.
Plus largement, notre démarche s’appuie sur
l’ensemble des efforts déjà consentis
pour se projeter dans une altermondialisation citoyenne.
En recensant schématiquement ces efforts, on peut
dire que les uns insistent principalement sur les droits
et les procédures d’une future démocratie
mondiale, tandis que les autres sont plus centrés
sur les contenus politiques qu’il convient de mettre
en œuvre, notamment dans les domaines sociaux, écologiques
et économiques. Nous ne pensons pas qu’il soit
efficace d’opposer ces deux approches, mais que l’ensemble
d’une stratégie d’altermondialisation
a, au contraire, tout à gagner, à faire vivre
cette dialectique des contenants et des contenus, chaque
type de problèmes justifiant une pondération
différente dans l’usage conjoint de ces deux
approches.
Ainsi, la première commence par poser l’exigence
morale et politique d’une démocratie mondiale,
et par conséquent la démocratisation des institutions
internationales, qui en découlerait : ce sera l’objet
de notre première partie. La seconde approche nécessite
de définir et de promouvoir une stratégie
de développement durable et équitable: nous
y consacrerons notre seconde partie. Encore faut-il se donner
les moyens, notamment économiques et financiers,
de mettre en œuvre cette stratégie, ce qui sera
le sujet de notre troisième partie. Enfin, la question
de la disproportion apparemment insurmontable entre les
moyens d’action des citoyens et leurs aspirations
doit, sous peine d’utopie stérile, être
traitée dans une réflexion d’ensemble
sur la stratégie d’une démocratisation
mondiale, sur les luttes qu’elle suppose et les degrés
de liberté qu’elle comporte, et sera le sujet
de notre quatrième partie.
*
Cette démarche a été initiée,
lors de notre la seconde Université d’automne
du Forum de la Gauche citoyenne, en septembre 2002, par
des rapports introductifs de M. Chemillier-Gendreau, de
G. Massiah, de M. Mousel, d’A. Joxe, de D. Taddei,
de P. Viveret et des débats qui ont alors réuni
environ 200 responsables associatifs. Le présent
texte est la version finalement adoptée, après
3 mois de discussions intenses et de multiples versions
intermédiaires, lors deune nouvelle version soumise
à l’ensemble des membres du Forum, après
notre débat-buffet du 19 novembre, pour être
à nouveau modifiée d’iciet notre prochaine
l’AG du 14 décembre (se trouvent soulignés
dans cette dernière versionversion des passages entièrement
nouveaux et qui apparaissent comme cruciaux les ultimes
modifications adoptées).
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