Ce qui est sûr, c’est qu’il me sera donc impossible de jouer, dans l’avenir, un rôle quelconque au sein du conseil de la future métropole, puisqu'il faut être au moins conseiller d'arrondissements pour être désigné conseiller métropolitain en 2016. C’est pour moi une immense déception en raison de mon engagement depuis 2009 pour la création, la mise en place et le développement de cette métropole indispensable aux habitants. Mon nom a donc été utilisé au premier tour. Il ne le sera pas, je l’espère, au second.
Pour ceux qui me connaissent, j’ai mis une grande conviction depuis plus de 30 ans, à œuvrer pour l’intérêt général local, le plus souvent bénévolement et je suis fier d’avoir participé au rayonnement de cette ville. Le technopôle de Château-Gombert, l’implantation du LAM, POPsud, Optitec, Paca Investissement, les organismes européens, les institutions de recherche internationales, le conseil consultatif régional pour la recherche et la technologie, le conseil de développement, le projet métropolitain, m’ont demandé beaucoup d’énergie et je m’y suis impliqué avec conviction et plaisir, toujours dans le souci des retombées locales, au-delà de Marseille même, dans l’espace métropolitain ou régional. Aujourd’hui je ne pense pas qu’il soit cohérent et efficace de continuer car cela ne peut se faire que dans un cadre qui assure un minimum de respect entre les personnes et une reconnaissance des politiques.
La politique locale à Marseille relève aujourd’hui de pratiques inacceptables pour moi. Je pense que cette ville va dans le mur. Elle manque d’investissements, on les fait fuir. Elle manque de responsables politiques d’envergure, c’est un handicap majeur. Elle manque de stratégies innovantes, on se complait dans les images d’Epinal et les attitudes théâtrales. La lutte contre les inégalités et la pauvreté n’est pas qu’un problème de maillage politique. Elle passe aussi par un changement profond des pratiques politiques qui devrait avoir été initié depuis longtemps. Cette ville est dominée par l’immobilisme social et économique. C’est l’une des plus inégalitaires et on y trouve les quartiers les plus pauvres de France, mais aussi les plus riches. La droite se réjouit de l’abstention qui fait trébucher la gauche, mais l’abstention est avant tout le signe que l’offre politique ne correspond pas à la situation d’abandon d’une grande partie de la population et des quartiers. Les effets de manche théâtraux des responsables politiques locaux sont pitoyables. Ils ne sont supportables que si, à côté, peuvent se développer d’autres pratiques politiques, ouvertes, participatives, responsables. Tel était le sens de ma candidature.
Mon élimination des listes de candidatures est le signe que le monde politique ne considère pas ma valeur ajoutée comme intéressante. J’en prends acte sans amertume, mais avec réalisme. Je rejoins le bataillon grossissant de Marseillais, parfois désabusés, beaucoup plus sollicités par l’extérieur que par nos responsables politiques locaux, et souvent poussés à l’exil pour réaliser leurs projets. Nous y trouvons valorisation personnelle, mais ne pouvons manquer de nous interroger sur l’avenir même de ce territoire. Pis, les opposants à la métropole se réjouiront de cet incident. Peut-être en sont-ils les instigateurs… Mais si d’autres grandes villes françaises se portent socialement et économiquement mieux, sans doute veillent-elles aussi à mieux impliquer leurs forces vives et la société civile.
Devant des pratiques politiques indéfendables qui n’ont rien à envier à celle des voyous, j’ai choisi de me retirer. Du conseil de développement, de Paca Investissement, des différents conseils locaux auxquels je participe et, naturellement, de la construction de la métropole. Je comprends la déception de mes amis. Mais à un moment, il faut lucidement comprendre les impasses. D’autres projets m’attendent, mais pas pour Marseille ! Dommage…