Cependant les admonestations, fussent-elles internationales et multiples, risquent de ne pas suffire. Lorsque vous estimez subir une agression, seule la Justice peut y mettre fin et imposer réparation... En tout cas en France.
( Ci-dessous, traduction courrier de Kenneth Frampton en date du 6 avril 2012, adressé à Jean-Noël Guérini, Président du C.G 13.)
Monsieur Jean-Noël Guerini
Il n'y a pas de mots pour exprimer de manière adéquate le choc et la répulsion que j'ai ressentis lorsque j'ai été informé de l'intervention barbare que votre administration a cru bon d'infliger à l'un des plus magistraux bâtiments à être réalisés en France au cours de la dernière décennie. Il est évident que vous avez procédé clandestinement à l'arbitraire démolition partielle de cette œuvre, nuitamment pour ainsi dire, de manière à livrer au monde un fait accompli qui ne pourra pas être réparé aisément. Jusqu'à présent je n'arrive pas à comprendre ce qui aurait pu être une raison plausible qui justifie cet acte de violence culturelle gratuite. Le fait que ce bâtiment requérait une extension dans ce qui, il faut en convenir, est un site plutôt restreint, ne peut justifier une intervention si brutale. Quiconque maîtrise la discipline architecture et qui comprend la structure de ce bâtiment comprendra d'emblée qu'avec un minimum d'ingéniosité on peut l'étendre en surélevant le noyau central du musée, ce qui est encore possible actuellement, malgré votre décision gratuite d'infliger un dommage irréparable à une partie majeure de l'œuvre. Cet acte provincial et gratuit est une honte au patrimoine culturel de la France et un acte absurde de destruction du patrimoine de la région. Dites-moi comment Marseille, et sa région immédiate, peut assumer la tâche de capitale culturelle européenne en 2013 ayant entaché de la sorte sa réputation culturelle.
J'espère qu'après réflexion vous déciderez de rectifier vos options quant à l'agrandissement du bâtiment et qu'à terme vous trouverez le moyen de restaurer le périmètre de la structure à sa forme d'origine.
Sincèrement vôtre
Kenneth Frampton Ware Professor of Architecture Columbia University