Christian
CAROZ, conseiller municipal de Martigues, président
des élus Gauche Citoyenne
Un
renouveau citoyen pour faire gagner la gauche
A
quelques mois des élections régionales la
gauche semble avoir peur de franchir le pas qui pourrait
lui assurer la victoire.
Alors
que la droite se déconsidère chaque jour davantage,
la gauche semble tétanisée et incapable d’offrir
un nouvel espoir aux électeurs. Elle abandonne le
champ politique à François Bayrou d’un
côté, à Arlette Laguiller et Olivier
Besancenot de l’autre.
Pourquoi
une telle situation ? Pourquoi la force dominante à
gauche, le Parti socialiste, est-il tombé, d’après
un sondage Ipsos des 10 et 11 octobre dernier, à
son plus bas niveau de popularité depuis 1996, si
l’on excepte juillet 2003 et avril 97 ? Cette incapacité
du PS à profiter de l’effondrement accéléré
de la droite gouvernementale est un élément
radicalement nouveau qui tranche avec les situations apparemment
similaires de 1988 et 1995.
Dans
ces conditions la nervosité, la fébrilité
et parfois même l’agressivité de certains
dirigeants socialistes parviennent de plus en plus difficilement
à masquer l’absence d’une véritable
analyse des causes de l’échec du 21 avril 2002.
Une
seule raison est régulièrement avancée
: c’est la division de la gauche et la multiplicité
des candidatures qui expliquent tout ! Dès lors un
seul remède est proposé : des candidatures
ou des listes uniques à toutes les élections
! Personne ne remarque pourtant que lors de la déroute
cuisante de juin 2002, jamais la gauche n’avait présenté
autant de candidatures uniques !
Il
serait donc peut-être temps de rechercher d’autres
explications à cette situation. Et si les électeurs
ne faisaient tout simplement plus confiance à un
parti qui ne leur offre plus de perspectives de transformation
sociale, qui subit la mondialisation libérale, qui
manque d’audace dans les actions de sauvegarde de
la planète et a perdu le contact avec les citoyens
? Après tout si 27 % des électeurs ont portés
leurs voix, en avril 2002, sur ce que l’on a appelé
les «petits» candidats de gauche, alors que
le «grand» candidat n’en rassemblait,
quant à lui, que 16 %, ne serait-ce pas, tout simplement,
que ces «petits» candidats prenaient mieux en
compte les véritables questions que se posaient nos
concitoyens ?
Si
l’on partage cette analyse, les perspectives changent
radicalement. La question fondamentale pour la gauche n’est
plus «Comment faire rentrer tout le monde dans le
rang d’une liste unique ?» mais «Comment
assurer l’expression de la diversité des sensibilités
de la gauche, comment organiser le débat avec le
peuple de gauche, comment trouver les propositions nouvelles
qui répondent réellement aux enjeux de ce
début de siècle et ensuite, mais ensuite seulement,
rassembler autour d’un projet capable de prendre en
compte cette diversité ?». Que ce rassemblement
ait lieu au premier ou au deuxième tour de l’élection
est, à la limite, secondaire, l’important c’est
qu’il ait un sens et qu’il puisse incarner l’espérance
d’une majorité des citoyens.
C’est
donc dans le cadre d’une telle démarche, autrement
mobilisatrice que de simples accords d’appareils,
que s’inscrit notre action pour les semaines à
venir.
Nous
appelons toutes les composantes de la gauche à se
retrouver et à débattre publiquement, ensemble
et avec les citoyens, autour des grands enjeux d’une
politique régionale. Certes, la Région n’a
pas compétence à résoudre tous les
problèmes, elle ne peut, toutefois, faire l’impasse
sur les questions majeures qui se posent aujourd’hui.
Nous
proposons donc quatre thèmes fédérateurs
pour structurer cette réflexion :
• Quels axes de transformation sociale permettront
de faire reculer le chômage, d’améliorer
les conditions de vie des moins favorisés, d’instaurer
une vie sociale et solidaire dans les quartiers… ?
• Comment combattre concrètement la mondialisation
libérale, comment agir pour le commerce équitable,
le respect des droits humains, le co-développement
et la solidarité internationale … ?
• Quelles initiatives pour préserver la survie
de notre planète et la transmettre aux générations
futures, comment développer les énergies renouvelables,
les transports en commun, le recyclage des déchets
… ?
• Comment entrer dans l’ère de la citoyenneté,
comment organiser une relation permanente entre les électeurs,
leurs associations et les élus, comment approfondir
la décentralisation jusqu’à l’ouverture
de nouveaux espaces de démocratie pour tous les citoyens
… ?
Ces
thèmes nous avons, pour notre part, commencé
à les traduire en propositions dans le cadre du projet
pour la région que nous avons élaboré
avec des élus, des responsables associatifs et des
militants issus de toute la région. Il s’agit
à présent d’approfondir ce premier travail,
de le confronter aux réflexions des autres sensibilités
de la gauche et de nous préparer à en être
les porteurs sur le terrain politique à l’occasion
des prochaines élections régionales.
Plusieurs
de nos partenaires de gauche ont manifesté un intérêt
certain pour notre démarche, des contacts ont eu
lieu et se poursuivent. Seul le Parti Socialiste n’y
a pas encore répondu. Nous regrettons ce silence
et nous restons ouverts à toute initiative de sa
part, mais cette absence de réponse ne nous empêchera
pas de continuer à agir.
Faute
d’un grand rassemblement de toute la gauche bâti
autour d’un vrai projet de renouveau, nous prendrons
l’initiative de regrouper tous ceux qui partagent
nos quatre priorités : la transformation sociale,
l’altermondialisation, l’écologie et
la citoyenneté. La démarche du «Forum
des initiatives citoyennes», qui fonde notre légitimité,
a déjà permis de rassembler des militants
engagés sur ces quatre fronts, mais nous sommes persuadés
que d’autres partenaires de gauche partagent notre
approche et se joindront à nous. Nous n’avons,
à cet égard, aucune exclusive dès lors
que l’objectif commun demeure de faire gagner la gauche
et donc d’accepter un rassemblement au deuxième
tour.
Nous
sommes persuadés que la gauche a besoin de l’expression
de cette sensibilité de renouveau citoyen pour mobiliser
tout son électorat et éviter la dispersion
sur des listes susceptibles de la mettre en difficulté
au deuxième tour. Nous appelons, notamment le Parti
Communiste, qui n’a pas encore pris de décision,
et Les Verts, qui devraient vite se rendre compte des limites
d’un accord d’appareil, à nous rejoindre
pour une initiative commune, soit de liste autonome, soit
de liste unitaire si le contexte nouveau ainsi créé
par notre rassemblement permet de donner un tout autre contenu
à un accord unitaire.
haut
de page |