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1er septembre 2003
Mars
2004, engager un débat public pour gagner la Région
à gauche
“Nous
sommes ouverts à l'égard de tous ceux qui
veulent bâtir une alternative crédible à
la droite sur la base d'un contrat politique."
François Hollande pour l’Université
d’été du PS dans Sud-Ouest
“Je
ne veux pas qu’on se fabrique une virginité
avec des listes autonomes aux Européennes pour magouiller
aux régionales !"
Daniel Cohn-Benditaux Journées d’été
des Verts à Marseille le dimanche 24 août 2003.
Les 21 et 28 mars prochains ne sont pas une échéance
facile pour les militants de gauche, citoyens et écologistes,
associatifs et syndicalistes. Le spectre du 21 avril 2002
hante les esprits et personne ne veut voir recommencer le
scénario des élections présidentielles.
Nous avons deux écueils devant nous :
• Laisser ceux qui nous ont conduits à l’échec
diriger la manœuvre et l’on connaît leur
talent pour perdre dans cette région.
• Ou délaisser le champ politique pour rester
sur celui de la revendication.
Deux
écueils qui conduisent à un résultat
identique : un
mouvement social qui s’exaspère
sans conquête significative et
des politiques qui s’auto-reconduisent aux affaires,
tantôt à gauche, tantôt à droite,
sans que rien ne change.
À
la Convention citoyenne, nous considérons qu’il
est de notre devoir d’aller dans le champ politique
pour transformer les choses durablement.
Les élections régionales, cantonales et européennes
de 2004 sont une occasion de le faire. La résolution
du Conseil national interrégional des Verts du 15
juin 2003 a proposé une stratégie :
“ Elle comporte deux aspects :
• Le contrat avec les partenaires dans un esprit de
participation à la gestion publique, ce qui suppose
rencontres et travail d'élaboration programmatique.
• L'autonomie, pour rendre visibles et lisibles les
idées défendues et crédibiliser les
Verts.
Sur ces bases, l'objectif des Verts est de gagner ou conserver
le maximum de régions et de départements gérés
par la gauche et les écologistes dans le but de réorienter
les politiques publiques vers un développement humain
soutenable ”.
Cette autonomie a encore une fois été prônée
lors des Journées d’été des Verts
à Marseille le 24 août dernier. Mais lorsque
l’on évoque le cas de Provence Alpes Côte
d’Azur, tout se brouille et PACA devient une exception.
À cause du score du Front national ?
Mais alors parlons aussi de l’Alsace ou du Languedoc-Roussillon,
cogérés depuis des lustres avec les amis de
Le Pen.
Regardons les choses en face. La région PACA a inexorablement,
depuis 20 ans, glissé à droite. Le Var est
tombé, le Vaucluse ne tient qu’à un
fil, les grandes villes sont toutes passées à
droite. L’avance dans les sondages de Renaud Muselier
n’est que le reflet de ce basculement.
Selon
le sondage CSA paru dans Marianne (25 août
2003)
- La
liste UMP Udf ferait 37 %,
-
La liste PS-PC Verts 33 %,
- Le
Pen 20 %.
-
L’extrême gauche capterait 6 %
-
et le MNR 4 %.
Dans
tous les scénarios, et c’est l’avantage
d’un scrutin à deux tours, le FN ne pourrait
s’emparer de la région et le résultat
du second tour entre gauche et droite se joue à un
point, ce qui sur un sondage de 600 personnes n’est
pas significatif.
Par
contre, on voit bien que la
reconduction en l’état d’une gauche plurielle
dépassée est un échec programmé.
L’équipe de Michel Vauzelle, au-delà
des désaccords que l’on peut avoir sur son
projet, a subi les avatars de son mode d’élection
qui a donné autant sinon plus de pouvoir à
l’opposition qu’à l’exécutif
doté d’une majorité relative.
Nous arrivons à la fin d’un mandat dit de gauche
mais où la moitié de la politique a été
décidée par la droite. La cohabitation et
le marchandage des subventions ne font pas un bon bilan.
Ajoutons à cela les pratiques de certains qui se
sont appropriés l'institution pour leur propre intérêt
et les dysfonctionnements d’une administration peu
dirigée : le bilan est difficilement défendable.
Certains élus se sont battus avec détermination
pour changer le cours des choses dans leur secteur très
cloisonné mais ils n’ont pu influer globalement
sur la politique de l’institution.
Nous, militants de terrain, femmes et hommes de gauche,
ne pouvons, sous prétexte de solidarité, endosser
ce
bilan incompréhensible.
Le
seul scénario qui peut permettre à la gauche
de gagner la région pour y appliquer une politique
de transformation durable est celui de l’union entre
toutes les forces de gauche décidées à
faire radicalement changer les choses. Sans aucun oukase
préalable. Pour le premier tour, deux solutions s’offrent
à nous.
-
Dans la lignée de la déclaration de François
Hollande, construire
une liste ouverte, démocratique
et représentative des forces vives de cette région.
Cela exige un renouvellement des femmes et des hommes,
des méthodes et des programmes. Cela exige surtout
un
contrat avec cinq priorités
qui nous semblent incontournables :
• Agir dans la transparence et adopter un mode de
gouvernement de la région démocratique et
républicain.
• Adopter un agenda 21 régional qui comporte
des priorités visibles et des objectifs réalistes
de développement durable pour Provence Alpes Côte
d’Azur.
• Donner des perspectives et des moyens à
une véritable politique méditerranéenne
régionale,
• Accorder une priorité absolue à
ce qui doit changer la vie quotidienne de nos concitoyens
: les transports avec la priorité aux transports
en commun, les quartiers, la formation initiale et tout
au long de la vie, la culture,
• Donner la priorité dans l’action
économique aux TPE, aux PME, au développement
du tiers secteur associatif et mutualiste, au développement
solidaire.
Le Président de la Région semble acquis
à cette conception d’une liste de large union
dès le premier tour. Discutons-en ! Maintenant
et publiquement. Sans ignorer les obstacles : imaginons
la liste avec ses sortants, PS et PC, avec la règle
de la parité, avec ses équilibres locaux
et départementaux. Que restera-t-il pour les mouvements
citoyens et écologistes ? Notre propos n’a
jamais été et ne sera jamais de placer telle
ou telle personnalité, mais de changer la politique.
Nous avons connu avec les municipales et les législatives
ces accords de façades qui masquent mal des guerres
sans merci. Nous sommes néanmoins prêts à
en discuter.
-
La seconde possibilité est celle d’un contrat
de gouvernement de la région pour le second tour
avec une liste citoyenne et écologiste autonome
au premier tour.
Une
liste autonome qui reflète
la diversité des mouvements qui se sont manifestés
dans cette région, qui réunisse des personnalités
porteuses d’engagement et de changement. Il ne s’agit
pas de reproduire des accords d’appareils, mais
de
réunir des conventions militantes
qui recherchent quels sont les meilleurs porte-parole
de notre région, quels sont les militantes et militants
qui incarneront nos espoirs, nos revendications, nos propositions.
Ces
primaires citoyennes, écologistes et sociales apporteront
un vrai changement démocratique dans la désignation
des candidats et manifesteront, bien avant l’élection,
notre volonté de gouverner autrement la région.
Cette stratégie donnerait enfin du poids aux élus
écologistes et citoyens, qui ne devraient pas leur
poste à une “ générosité
” condescendante du parti dominant, ni à
un marchandage partisan, mais au vote librement exprimé
des électeurs.
Cette stratégie serait une étape décisive
dans la recomposition de la gauche dans notre région,
dans la rupture avec les pratiques clientélistes
héritées du siècle passé.
Ce serait un vrai tremplin pour les combats que nous avons
tous à mener et pour les échéances
futures.
La
Convention citoyenne travaille depuis le début un
an à ce rassemblement d’un type nouveau. Des
groupes d’initiatives citoyennes se sont constitués
dans les six départements. Un travail d’élaboration
collective a permis d’écrire les premiers cahiers
de revendications et de propositions.
Trois réunions régionales ont validé
cette démarche portée aujourd’hui par
plus de 600 militantes et militants de la région.
Il appartient maintenant aux militants d’en discuter,
il appartient aux partis de pratiquer la transparence et
la démocratie en mettant sur la place publique les
discussions qui se mènent en ce moment avec les uns
et les autres pour que nous avancions tous ensemble.
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