Philippe SANMARCO, conseiller municipal de Marseille (07/2006)
L’actuel clivage gauche droite, derrière lequel beaucoup s’abritent pour masquer de simples intérêts personnels, est loin de rendre compte des vrais enjeux de notre temps
À mesure que les élections approchent, l’hypocrisie resurgit visant à faire croire que les candidats sont secondaires par rapport au projet collectif qu’ils sont censés représenter.
L’actuel clivage gauche droite, derrière lequel beaucoup s’abritent pour masquer de simples intérêts personnels, est loin de rendre compte des vrais enjeux de notre temps.
Ainsi voter oui ou non au traité de Maastricht comme au projet de constitution, soutenir ou pas la création et les conséquences d’une monnaie unique et d’un espace commun de libre circulation, était et reste l’expression d’oppositions légitimes. Or sur chacun de ces sujets la gauche comme la droite s’est divisée, tandis que l’extrême gauche et l’extrême droite ont additionné leurs voix.
Mais les grands appareils répugnent à reconnaître leur impuissance sur les débats de fond qui les déchirent. Ils refusent d’admettre qu’ils ne sont rien d’autre désormais que des machines à fabriquer des candidats. Au lieu d’en tirer les conséquences et de démocratiser cette fonction essentielle en généralisant les primaires, ils s’enferment encore plus sur eux-mêmes. Ainsi, loin de clarifier le débat ils l’obscurcissent : les citoyens ne se retrouvant pas dans les choix offerts se vengent par des votes qui échappent aux savants calculs. C’est sympathique mais dangereux car cela rend le pays de plus en plus instable et incapable de faire de vrais choix puisque les débats sont toujours esquivés par ceux censés les porter.
L’énervement et la crispation de l’appareil du PS à l’égard de Ségolène Royal sont la dernière illustration de cette coupure avec le monde réel.
Alors disons le tranquillement : lorsqu’il s’agit d’élire une personne les qualités de celle-ci sont déterminantes. Pourquoi les cacher derrière un programme, surtout quand ce dernier n’est pas directement le sien mais le résultat laborieux de compromis obscurs au sein de partis qui ne rassemblent pas grand monde en dehors de clientèles diverses.
Pour les débats de fond, avant de s’opposer par principe selon des clivages artificiels préétablis, il faut d’abord définir les objectifs, puis identifier les dysfonctionnements et enfin proposer des solutions. On peut généralement parvenir à un accord sur les deux premiers points. Pour les solutions, il y a ensuite débat tranché par les citoyens en connaissance de cause. Ainsi on passe d’un discours politique fondé sur des effets d’annonce ou des réponses stéréotypées à une approche ancrée dans une transformation effective des choses. Oui, la campagne des personnalités est unique.
À Marseille par exemple, si le choix du Maire est entre Gaudin et Guérini, c’est par rapport à cela qu’il faudra d’abord se positionner sans se cacher derrière des étiquettes.
Par contre la campagne des idées devra être diffuse et plurielle afin de sortir des idées reçues et s’engager dans la construction démocratique des conflits.
C’est le travail actuel de la Convention Citoyenne : structurer les questions et en explorer la complexité pour mieux faire émerger les choix essentiels.
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