Edito Philippe Sanmarco (10/2005)
Marseille
qui souffre, Marseille qui espère
La
Communauté urbaine étranglée, la SNCM
au bord du gouffre, le port paralysé, les transports
en commun englués, les horodateurs saccagés,
le logement inaccessible, la saleté partout, etc. :
au-delà de leur diversité, ces problèmes
sont la conséquence du mal qui nous ronge depuis
20 ans, celui de la fuite devant les responsabilités
et du report des décisions difficiles. Démagogie
et clientélisme ont permis d’éviter
de dire la vérité aux citoyens, de ne pas
les préparer aux mutations indispensables et de ne
pas les associer à la préparation de leur
avenir. Les slogans creux et les clivages artificiels ont
servi de cache-misère à la pauvreté
de la réflexion et de l’action. Chacun se paie
de mots et fait porter la responsabilité au voisin.
Mais les dures réalités s’imposent et
les problèmes s’accumulent. Les Marseillais
assistent ainsi impuissants, à ces batailles de chiffonniers
tandis que leur situation quotidienne se détériore
et que l’avenir de leurs enfants est menacé.
Marseille est devenue le terrain de manœuvre de conflits
devant lesquels elle semble désarmée. Son
image nationale et internationale en est gravement affectée.
Pourtant il n’y a pas de malédiction !
Il est possible de refuser que Marseille soit considérée
comme une ville « à part »,
où rien ne se passe comme ailleurs, où l’on
tolère des comportements « exotiques ».
Nous l’affirmons donc avec sérénité
mais avec conviction : oui, une autre manière
de gérer la cité est possible. Oui, il y a
chez nous de formidables énergies humaines disponibles.
Oui, chaque problème a sa solution, pourvu qu’on
ne la recherche pas délibérément dans
l’affrontement, comme pour se rassurer ou se cacher
dans des logiques d’affrontement d’un autre
temps. Respecter la dignité des gens, comprendre
en quoi nous sommes concernés par les changements
du monde qui nous entoure, expliquer sans cesse qu’elle
y est notre place, tracer un chemin où chacun se
retrouve : j’affirme qu’aucun des problèmes
cités en introduction n’aurait dû dégénérer
à ce point. Mais le système politique semble
bloqué, condamné à reproduire inlassablement
des affrontements de façade sans jamais apporter
de solution concrète. Il est donc indispensable de
se réapproprier l’action politique. Même
en dehors des grands appareils, même sans leurs moyens,
l’effort personnel éclairé par une conviction
tenace finit toujours par faire la différence. L’histoire
est pleine d’exemples montrant que l’action
des individus a réussi à changer le cours
des choses. Renoncer, se désespérer, ou simplement
se taire, c’est faire le jeu des responsables qu’on
dénonce. Il faut au contraire s’impliquer,
se réimpliquer, certes sans illusions et en tenant
compte des rapports de force mais en gardant toujours un
langage de vérité et d’espérance
collective.
C’est le sens de la détermination et de la
constance de la Convention citoyenne.
Philippe
SANMARCO
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