DE L’INTERÊT DE LA CANDIDATURE DIOUF

Il va prendre des voix à la gauche ! C’est vrai.

Il s’est déclaré trop tard, ça ne fait pas sérieux. Ce n’est pas faux.

Et pourtant, la candidature Diouf est d’une utilité bien réelle, bien sérieuse.

A Marseille, et le constat est vrai ailleurs, il y a un besoin d’une expression citoyenne, libre, nouvelle ; en dehors du système partisan, celui qui concourt à la Démocratie et dans lequel nombre d’entre nous avons perdu confiance. Jusqu’alors, la réponse « hors système » était celle portée par le Front national ; qui, ceci étant dit, est totalement intégré dans le système, c’est à dire dans le jeu électoral, dans le positionnement idéologique et partisan, dans la capacité à manipuler les médias.

Alors de ce point de vue, la candidature Diouf est importante. Elle a le mérite de donner la parole à ceux qui l’ont peu, de proposer une méthode de travail nouvelle, de renouveler un peu la pensée, d’offrir une alternative à nombre d’abstentionnistes ou électeurs du Front national par dépit plus que par idéologie.

La candidature Diouf a un autre intérêt. Elle oblige les autres candidats, et notamment Patrick Mennucci, tête de liste PS, à ouvrir ses listes et ses approches à des personnalités moins politiques, issues de ce que l’on appelle la société civile. Elle oblige en outre à bousculer un peu les programmes, les certitudes.

Bref, la candidature Diouf réveille.

Enfin, cette candidature montre qu’autre chose est possible. Elle montre à ceux qui ont envie mais n’osent pas qu’ils peuvent s’engager, être acteurs du devenir de leur ville, de celui de leurs enfants. Elle restaure – ne serait-ce qu’un peu – le sens du mot citoyen. Elle atteste que le jeu n’est pas fermé même s’il est difficile et que le ticket d’entrée est élevé (sinon financier, au moins par les montagnes à soulever pour exister et être reconnu).  Oui la candidature est tardive. Mais une candidature municipale n’est pas un exercice solitaire. Il faut du temps pour rassembler des compétences éparses, réunir les talents qui ne s’expriment pas. Aujourd’hui c’est chose faite, ce dont atteste le contrat citoyen proposé par l’équipe de Changer la donne.

Alors, cette candidature est dangereuse ? Pour la gauche ?

Elle ne l’est pas. Elle est même salvatrice. Elle pourrait obliger la gauche, au moins localement, à revoir son logiciel de gouvernance et de projets. Elle pourrait réduire un peu la prévisible « percée » du Front national à Marseille.

Elle risque d’affaiblir la gauche au premier tour ? Oui, probablement aussi. Mais laissons aux appareils le soin des calculs politiques. Nous, citoyens, retrouvons notre liberté de choisir positivement ; retrouvons le courage d’affirmer une volonté, une ambition, un changement ; ne cédons pas à la peur de ceux qui diront que voter Diouf est porteur de risque.

Tout vote est porteur de risque. Mais il est des contextes dans lesquels il faut savoir les prendre et les assumer. C’est aussi ce que à quoi nous rappelle Pape Diouf en se présentant à la mairie de Marseille.

Philippe San Marco, Pierre Lissarrague, Magali Peyrelevade, Bérangère Garulli