Une contribution de Gérard Estragon
(05/205)
Le
non de mon copain Pierre
Mon
copain Pierre m’assure qu’il a toujours voté
socialiste . Il estime que les dirigeants du parti socialiste,
ses élu(e)s et ses militant(e)s, défendent
ses intérêts de modeste salarié.
Il
a vu comme nous tous, les affiches du PS appelant à
voter OUI « pour l’Europe sociale »
Pierre
est à fond pour une Europe sociale !! Il se
souvient avoir voté pour Maastricht car en électeur
fidèle il avait suivi le conseil de Martine Aubry
et de Jacques Delors. Ils lui avaient assuré que
voter pour le traité de Maastricht c’était
ouvrir la voie royale à une Europe sociale :
réduction du chômage, augmentation du pouvoir
d’achat, amélioration de la qualité
de la vie etc.
Malgré son attachement et sa fidélité,
Pierre constate, parfois amèrement, que le bilan
10 ans après n’est pas à la hauteur
des promesses. Il devient prudent Pierre ! Il se pose
des questions.
Ses amis socialistes lui donnent des réponses ;
ce qui rend sa vie plus difficile, qui rend son avenir et
celui de ses enfants incertain, ce n’est pas la faute
de l’Europe mais la politique anti-sociale menée
sans mollir par Chirac/Raffarin !
Certes, Pierre en est convaincu, mais alors comment Chirac,
Raffarin , Sarko, Perben et le baron Seillière peuvent
ils appeler à voter OUI, comme Hollande, Jospin,
Lang… si ce traité constitutionnel est la porte
ouverte à une Europe sociale ? Si le baron Seillière
avait viré socialiste çà se saurait !
Comment ces différents leaders qui s’opposent
quand il s’agit de débattre des réformes
entreprises par Raffarin, qui vont toutes à l’encontre
des modestes intérêt de Pierre, sont ils soudain
d’accord sur ce texte de la "constitution giscard" ?
Giscard ! Pierre par son vote pour le candidat de la
gauche unie, François Mitterand avait contribué
à renvoyé VGE dans ses terres auvergnates.
Qui aurait pu croire qu’il revienne 25 ans après
porteur d’un texte approuvé cette fois ci par
une partie de ceux qui à juste titre l’avaient
combattu !
Comment peut on à la fois s’opposer à
la politique menée par le gouvernement français
à Paris et accepter une constitution qui prolongera
et aggravera cette même politique à Bruxelles ?
A l’évidence le OUI à l’Europe
sociale est un ralliement hypocrite au dogme néo-libéral
de la part de ceux qui avaient pour mission de défendre
les citoyens qui en subissent les conséquences .
Pierre qui n’est pas un partisan convaincu du mode
de scrutin référendaire reconnaît au
moins une vertu à celui ci ; il fait la clarté ! Le
camp du OUI révèle les partisans du Marché
et de la libre concurrence comme moteur supposé de
la société et du progrès social , le
camp du NON de Gauche, met en lumière les priorités
que sont la justice sociale, la redistribution des richesses,
le principe d’égalité, le respect des
droits de l’Homme et du citoyen, la citoyenneté
sociale .
C’est un clivage fondamental, essentiel qui devrait
restructurer la politique française et réorienter
(si le Non l’emporte) les tendances lourdes de l’Union
Européenne .
Pierre
va voter NON, pour "l’Europe sociale" ,
qui n’est pas celle de Sarko-Hollande, en attendant
de voter OUI à une "France sociale" quand
le moment sera venu, en 2007 par exemple ! Il ne s’est
jamais trompé d’ennemis mais en 2007 il pourra
mieux choisir ses amis .
Dr
Gérard Estragon. : les Alternatifs
|