Annoncée jeudi, la décision du PS de ne pas associer le MoDem aux primaires en vue des municipales qu'il organisera cet automne dans plusieurs villes, notamment Aix et Marseille, a provoqué une levée de boucliers de plusieurs élus provençaux du parti de François Bayrou (1). Conseillère municipale à Marseille, Sophie Goy a ainsi invité les envoyés de la rue de Solférino qui ont placé la Fédération PS 13 sous tutelle à aller se faire... "psychanalyser" ! Des critiques ont également émané des rangs du PS : président de la communauté urbaine MPM et candidat à la primaire, Eugène Caselli a publié un communiqué, tout comme Christophe Masse qui anime le groupe PS au conseil municipal. L'un a fait part de ses regrets, l'autre s'est dit "surpris".
Pour autant, pour des raisons nationales, cette mise à l'écart du MoDem semble irrévocable : la primaire ne pourra rassembler que des "partis de gauche". Autrement dit, outre le PS, le Front de gauche, EE-LV, le PRG et le MRC, plus des formations plus locales comme Convention citoyenne à Marseille. La règle étant définie, reste à savoir qui voudra disputer le match. Revue des troupes.
Presque sûr, le mrc
S'il doit n'y en avoir qu'un, ce sera le MRC ! Même si l'affaire est loin d'être réglée, les chevènementistes envisagent très sérieusement de participer à la primaire, d'une manière ou d'une autre. "Nous allons consulter tous les candidats déjà déclarés et analyser leurs programmes, explique Cédric Matthews qui représente le mouvement à Marseille. Sur la base de ce travail, nous verrons si nous nous retrouvons dans l'un d'eux ou plusieurs, que nous pourrions soutenir". À défaut, un concurrent MRC se lancerait dans la bataille, "sur une ligne de gauche et de défense du bien commun".
Le clan des mitigés
Pour l'heure, Convention citoyenne et le PRG sont assez réservés. Leurs raisons sont toutefois très différentes. L'ancien député Philippe Sanmarco qui préside la Convention considère ainsi qu'avant de se lancer dans la primaire, le PS aurait dû redonner "du crédit" à la Fédération 13 : "Ils font les choses à l'envers, comme si la primaire pouvait être une machine à laver... S'ils veulent vraiment tourner la page du clientélisme à la sauce Guérini, cela nécessite un peu plus de conviction". Aussi, s'il n'exclut pas sa candidature, Phlippe Sanmarco pose comme préalable de"très sérieuses discussions sur le fond et un mode d'emploi très clair".
Du côté des radicaux de gauche, le président du Bureau fédéral 13 Michel Dary se dit "ouvert sur le principe" mais n'est guère optimiste : "La primaire est prévue trop tard. À Marseille, on travaille depuis des mois à une liste autonome, on a avec Lisette Narducci une maire de secteur sortante qui doit être prise en compte, on consulte des gens...". De bonne source, on indique toutefois que le choix devrait relever de discussions entre les directions nationales du PRG et du PS.
Front de gauche et EE-LV, opposés à 99 %
"Si le fait de sortir le MoDem signifie que le PS veut mener une politique de gauche, j'attends de voir...". Secrétaire départemental du PCF, Pierre Dharréville manie l'ironie avant d'opposer une fin de non-recevoir : "Nous avons toujours considéré que c'est une fausse opération démocratique". Chez Europe Écologie-Les Verts, la stratégie sera votée le 4 mai mais c'est tout comme : "Leur truc, c'est une bataille d'egos, pas une mise en commun d'idées, tacle Sébastien Barles, le porte-parole du mouvement. Nous préférons travailler à un rassemblement élargi d'écologistes et de citoyens autour d'un projet commun". Parfois présenté comme en marge d'EE-LV, annoncé dans le sillage d'un candidat PS, l'eurodéputé Karim Zéribi va dans le même sens : "Nous ne devons pas y participer et au contraire nous concentrer sur une liste autonome ouverte à des personnes de la société civile. Pour faire respirer Marseille, je suis contre une alliance avec le PS au premier tour".
(1) À l'automne dernier, la volonté de Jean-Luc Bennahmias de participer à la primaire à Marseille avait toutefois provoqué des remous au sein du MoDem.
Frédéric Guilledoux